![Vie de couple : La polygamie, le piège de la désunion ?](https://i0.wp.com/sunvimedia.info/wp-content/uploads/2022/05/Polygmaie-en-Afrique.jpg?fit=800%2C600&ssl=1)
Régime matrimonial où un individu est lié, au même moment, à plusieurs conjoints. C’est par ces mots on définit la polygamie qui est un fait avéré dans la société béninoise. Cette forme de vie conjugale suscite beaucoup d’interrogations et continue de susciter également beaucoup de commentaires au sein de l’opinion publique.
Une famille de la polygamie peut bien être épanouie et enviable, une autre avec tous les problèmes de ce monde. Les facettes divergent et le phénomène est toujours difficile à cerner. La filiation dans ces contextes polygames peut être baptisée de filiation dispersée, car la vie affective entre les membres de différents ménages y est habituellement menacée de tensions.
On attribue fréquemment à la famille polygame, la rigidité ou l’imperméabilité des frontières entre les ménages ou sous-systèmes qui la composent. On considère que habituellement, les interactions au sein des ménages polygames sont dysfonctionnelles. Les relations qui y prévalent sont marquées par des tensions, sources de conflits répétés. La famille polygame est ainsi connue comme une structure sociale où les membres entretiennent des rapports difficiles et où la communication est constamment perturbée. Il est vrai que certains comportements au sein de ces familles attisent très souvent les mésententes entre ses membres. On y observe de la jalousie, de la compétition, des rivalités, de l’égoïsme, des règlements de compte directs ou par personnes interposées surtout au sein des enfants. Par moment, les coalitions ou triangles pervers y sont également observés et justifient les escalades symétriques entre les personnes : des enfants peuvent s’associer contre ceux d’une autre femme du foyer.
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En réalité, les tensions ne manquent pas dans ces familles, même si elles ne sont l’apanage que de celles-ci. Cependant, la fréquence des tensions dans les familles polygames, qui pourraient s’expliquer par les préférences marquées du mari pour une femme et ses enfants, ce qui entraînerait la jalousie des autres, les rivalités et les règlements de compte, fait souvent appréhender ces familles comme le nid de conflits.
[penci_blockquote style= »style-2″ align= »none » author= »Al-Krenawi et al., 1997, 2001 ; Al-Krenawi, 1998 ; Chambers, 1997 ; Jelen, 1993″ font_weight= »bold » font_style= »italic »]Compte tenu du fait que la polygamie se caractérise naturellement par l’union d’un seul homme avec deux femmes ou beaucoup de femmes, la compétition, la jalousie entre les coépouses est une observation commune au sein des communautés qui pratiquent le mariage multiple[/penci_blockquote]
Par ailleurs, la rivalité entre femmes rejaillit inévitablement sur leurs progénitures. Du coup, la distinction entre frères de la même mère et demi-frères est plus nette qu’on ne l’imagine, même s’ils sont rares à se l’avouer. Dans (Moro, 2007). Sylla, Huart & Lambert (2009, p. 270), les expressions les membres de la chambre de ma mère et les membres de la maison de mon père pour parler de cette distinction. Les conflits fraternels semblent plus exacerbés dans ce contexte. Cette vision s’appuie sur une méconnaissance de l’autre et finalement tout autant sur une méconnaissance de soi-même, le plus court chemin de soi à soi étant bien l’autre.
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Autrement dit, dans la famille polygame, c’est le rejet de l’autre lien familial qui mène au conflit entre soi et l’autre et entre soi et soi. Cela empêche les membres de la famille de tisser entre eux des liens affectifs stables. La famille se fige dans l’immobilisme ou s’engage dans une instabilité destructrice; l’impasse et le chaos s’installent alors. Sur le plan psychologique, les souffrances qui en découlent sont tout aussi nombreuses.