Burkina Faso : La CEDEAO désormais méfiante?

Les Chefs d’Etat membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) étaient réunis ce jeudi 03 février 2022 en sommet extraordinaire à Accra. Ceci pour notamment examiner la situation du Burkina Faso après le coup d’Etat du lundi 24 janvier 2022 qui a éjecté le Président Kaboré du pouvoir. Alors que tous attendaient des nouvelles sanctions de l’organisation régionale contre les putschistes, la CEDEAO a simplement fait une recommandation. Une surprise !

Depuis plusieurs mois, la région Ouest-africaine est secouée par le vent du coup d’Etat. Après le double putsch au Mali en 2020, la Guinée en septembre 2021, c’est le Burkina Faso qui s’est illustré avec son coup d’Etat du lundi 24 janvier 2022. Ainsi, pour situer les responsabilités et examiner la situation du pays des hommes intègres, les Chefs d’Etat membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont réunis en sommet extraordinaire, jeudi, à Accra – Ghana.

Lors de cette assise, il en ressort que la Communauté n’a aucunement retenu de nouvelles sanctions ni contre le pays, ni contre les militaires auteurs du putsch après qu’elle a condamné fermement l’acte et demandé un retour à l’ordre constitutionnel. Elle avait par ailleurs exigé le rétablissement de Roch Marc Christian Kaboré dans ses fonctions de Président de la République et suspendu le pays des instances régionales. À la surprise de nombre d’Africains, elle s’est juste contentée de faire des recommandations au premier responsable de la junte militaire, Paul Henri Sandaogo Damiba, en lui demandant un chronogramme assez raisonnable de sortie de crise pour aller aux élections. A-t-elle compris la leçon en déjouant les pronostics ?

Cas du Mali et de la Guinée

Contre le Mali, l’organisation africaine avait exigé aux autorités de la transition dont le colonel Assimi Goita est le premier représentant de proposer un calendrier électoral pour l’organisation d’élection et le retour du pouvoir au civil dans un délai de 18 mois. Ce qui n’a pas été exécuté puisque la junte militaire entend prolonger la transition pour 5 ans au terme d’une concertation nationale. Face à cette décision, les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont adopté des sanctions sévères contre le Mali, le dimanche 9 janvier, en raison de l’incapacité de la junte au pouvoir à respecter la date limite prévue, en février, pour la tenue d’élections visant à rétablir un régime civil.

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L’organisation avait décidé à cet effet de geler les avoirs maliens au sein de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), de fermer les frontières entre le Mali et les États membres de l’organisation, mais aussi de suspendre les transactions avec Bamako, à l’exception des produits médicaux et des produits de première nécessité. Des sanctions qui n’ont pas laissé indifférentes les autorités de la transition et la population malienne qui ont condamné les mesures en organisant un mouvement de protestation. 

Le Mali brandit son autonomie et le principe d’indépendance prôné par la CEDEAO dans ses textes. Certains laissaient comprendre que la CEDEAO était sous la domination de la France qui, après les sanctions, a salué l’organisation ouest-africaine pour ces mesures. Elle avait même suspendu les vols à destination de Bamako en respect desdites sanctions. Des actes qui font douter des Africains quant à l’impartialité des décisions que la CEDEAO a prises à l’encontre de ses pays politiquement instables.

Dans le même temps, la Guinée qui essuyait presque les mêmes sanctions après son coup d’Etat a décidé de boycotter les sanctions de la CEDEAO contre le Mali. En soutien au Mali, le Président de la junte, le colonel Mamady Doumbouya a opté pour une coopération Mali-Guinée occasionnant l’échec de la CEDEAO pour les sanctions frontalières. 

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Au lendemain du coup d’Etat du Burkina Faso, le chef de la junte militaire Paul Henri Sandaogo Damiba a rouvert aussi les frontières du pays autrefois fermées par le Président déchu Roch Marc Christian Kaboré . Peut-on comprendre que la décision de la CEDEAO à l’issue du sommet extraordinaire du jeudi 3 février 2022 reflète la position de l’organisation face au coup d’Etat du Burkina Faso en renvoyant la balle dans le camp de Paul Henri Sandaogo Damiba ou attend-elle le non-respect de ses recommandations pour faire jaillir de lourdes sanctions comme en a été le cas au Mali ? Une problématique qui demeure toujours préoccupante au regard de l’évolution de la situation sociopolitique dans ce pays.

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