
Le Ghana, un des pays disposant toujours de camps pour les sorciers, pourrait désormais franchir un nouveau pas les jours à venir. Selon l’ONG Amnesty international, environ 500 femmes de tout âge et même des enfants, sont répartis dans 5 différents camps de sorcières à travers le pays. Mais les législateurs entendent désormais y mettre fin.
A l’unanimité, les députés ghanéens ont adopté la loi visant désormais à protéger les personnes accusées de sorcellerie dans le pays. La pratique de la sorcellerie est certes répandue dans l’Afrique toute entière, mais le Ghana demeure l’un des pays, dans le monde, à disposer de tels camps pour ces personnes accusées.
Dans un nouveau recensement en 2021, le groupe de réflexion interconfessionnel Sanneh Institute a estimé que le nombre de ces dames dans les camps à ciel ouvert est de 870 avec 90% de femmes et le reste composé des hommes, des enfants. Elles sont victimes de l’ostracisme. Mais désormais le parlement en a décidé autrement.
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Le 27 Juillet 2023, le parlement ghanéen a adopté la proposition de loi du député d’opposition Francis-Xavier Kojo Sosu. La loi ainsi adoptée vise à protéger les personnes accusées de sorcellerie, en requalifiant en crime leur maltraitance ou leur bannissement de la communauté. C’est une loi qui est intervenue 3 ans, jour pour jour, après la mort violente et très médiatisée d’Akua Denteh, 90 ans, à Kafaba, dans la région des Savanes dans le nord du pays, suite à son accusation de sorcellerie. Son crime, en son temps, était d’avoir jeté un maléfice pour empêcher la pluie de tomber.
« Les camps ne sont plus des refuges. Ce sont des prisons ouvertes. Ce sont des lieux d’exploitation et de déshumanisation de ces femmes. C’est pourquoi nous voulons qu’ils soient fermés le plus rapidement possible », Professeur John Azumah, directeur exécutif de l’Institut Sanneh d’Accra.
Suivant les propos du professeur Azumah, ces femmes s’y retrouvent soit en quête d’asile après avoir été accusées par leur famille, soit emmenées de force. Dans ces camps, renchérit-il, elles y sont agressées et exploitées, y compris sexuellement, et se sentent abandonnées parce qu’aucun parent ne les appelle et ne leur rend visite.
La nouvelle loi prévoit donc la fermeture progressive, en 3 ans, de ces camps. Les pensionnaires seront soit libres de retourner dans leurs familles, ou bénéficier d’un programme spécial du gouvernement pour leur réinsertion communautaire. L’autre avantage de la loi est que le fait de lancer une accusation en sorcellerie devient passible d’une peine de trois à cinq ans de prison. Aussi, est-il interdit et illégal l’exercice de la profession dénommée « witch doctor », traduisible ici par « chasseur de sorcières ». En d’autres termes, la loi rend responsables les autorités sur les violences commises à l’encontre des personnes concernées dans leur communauté.