
La vente ambulante est une activité économique majeure dans la plupart des zones urbaines du Ghana. Les vendeurs proposent des produits de première nécessité aux habitants et aux voyageurs à des prix abordables dans des endroits qui leur sont accessibles.
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L’intensité croissante des activités de vente ambulante dans les villes ghanéennes comme Accra et Kumasi crée des problèmes de gestion pour les autorités municipales. Les vendeurs sont supprimés alors que les villes cherchent à « nettoyer » et à moderniser le paysage urbain.
Les autorités municipales n’ont pas mis en place de mesures pour soutenir les vendeurs de rue. Au lieu de cela, elles les considèrent comme une nuisance et ont recours à des réglementations strictes visant à les déplacer. Cette approche néglige les avantages potentiels que l’économie de rue florissante pourrait apporter à l’économie locale et au tissu social. En revanche, la politique de l’Afrique du Sud soutient les activités économiques informelles en mettant à disposition des espaces de vente pour les vendeurs de rue.
En tant qu’universitaires spécialisés dans l’urbanisme, nous avons entrepris d’ enquêter sur les règles régissant la vente ambulante au Ghana. Notre étude a été menée à Kumasi, capitale de la région Ashanti et deuxième ville la plus importante du Ghana. Nous avons constaté que la réglementation de la vente ambulante au Ghana est floue, contradictoire et inefficace. Elle ne fournit pas d’orientation politique claire ni d’outils de planification adéquats pour intégrer la vente ambulante dans les zones urbaines.
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Notre recherche renforce l’idée selon laquelle la réglementation de la vente ambulante est souvent ambiguë. Nous soutenons que ces incohérences politiques créent des failles dans l’attitude hostile des autorités municipales envers les vendeurs ambulants. Nous appelons à des politiques qui reconnaissent la valeur socio-économique de la vente de rue et rendent les espaces urbains plus inclusifs.
La configuration du terrain
Notre analyse s’appuie sur deux documents de politique nationale. Il s’agit du Cadre national de politique urbaine et de la Loi sur la gouvernance locale de 2016 (Loi 936). Nous nous appuyons également sur deux documents de politique locale spécifiques à la zone métropolitaine de Kumasi. Il s’agit du Règlement de l’Assemblée métropolitaine de Kumasi sur le contrôle des marchands ambulants de 1995 et du Plan de développement à moyen terme de l’Assemblée métropolitaine de Kumasi (2018-2021).
La politique urbaine nationale reconnaît et promeut la vente ambulante comme un élément de l’économie urbaine. Elle appelle les autorités locales à reconnaître et à inclure le secteur informel.
Mais la loi fondamentale qui réglemente la vente ambulante au Ghana est la loi sur la gouvernance locale. Elle autorise les collectivités locales (autorités municipales) à adopter des arrêtés interdisant la vente ambulante. Cette loi est en contradiction avec la politique nationale.
Les lacunes
Notre étude a révélé que dans la zone métropolitaine de Kumasi, les autorités semblent vouloir aider les vendeurs de rue de certaines manières, notamment pour renforcer les capacités des acteurs économiques informels. Mais elles ne prévoient pas de mesures pour y parvenir dans le cadre du plan de développement à moyen terme. Les autorités locales expulsent parfois les vendeurs de rue du quartier central des affaires.
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A Kumasi, la politique urbaine, la réglementation et la planification du développement local n’incluent pas la vente ambulante dans le processus de développement urbain, même si les vendeurs ambulants constituent le groupe d’entrepreneurs le plus important de la ville. Au lieu de construire des stands et des installations pour accueillir ces opérateurs économiques, les autorités préfèrent les exproprier de l’espace urbain pour construire des structures modernes dont l’occupation est coûteuse pour les vendeurs ambulants.
L’utilisation des espaces publics urbains est en conflit. Les autorités municipales considèrent les activités des vendeurs de rue comme illégales, alors que les vendeurs eux-mêmes les considèrent comme des moyens de subsistance légitimes. Les autorités contrôlent la vente par le biais d’expulsions et de relocalisations.
Ces dernières années, les autorités municipales ont adopté une stratégie de planification et de développement des infrastructures urbaines pour éliminer les vendeurs de rue. Prenons le cas du nouveau projet de réaménagement du marché de Kejetia , qui a remplacé le plus grand marché traditionnel d’Afrique de l’Ouest par une structure de marché urbain moderne à Kumasi. Plus de 10 000 vendeurs de rue et 4 000 commerçants ont été déplacés.
L’absence de prise en compte de la vente ambulante dans la conception du projet signifie que les vendeurs devront gagner leur vie de manière informelle, ce qui ne fait qu’aggraver le « problème » tel que le perçoit la ville.
Et ensuite ?
Les politiques et pratiques qui tentent d’exclure les gens ne sont pas une solution aux problèmes de la vente ambulante. Elles sont souvent contre-productives. La réglementation de la vente ambulante nécessite des mesures politiques inclusives et une orientation politique claire pour gérer ces activités. À l’heure actuelle, le Ghana, comme de nombreux autres pays africains, manque de stratégies de planification efficaces pour gérer les activités de vente ambulante.
Nos recommandations incluent :
- des politiques cohérentes et inclusives qui reconnaissent la valeur socio-économique de la vente ambulante et donnent aux vendeurs une place légitime dans les villes
- Réformer la gouvernance urbaine pour soutenir l’économie informelle
- des politiques cohérentes et précises qui donnent plus de sécurité aux vendeurs de rue.
Le vide politique actuel alimente une réglementation répressive et exclut les vendeurs de rue des processus de développement urbain.
Pour élaborer des modèles politiques efficaces, il est essentiel de tirer les leçons de l’expérience des vendeurs de rue et de les impliquer dans les processus de développement urbain. Cela commence par un changement d’attitude des autorités municipales.
L’article original est publié en Anglais ici.
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