![Littérature : Les écrivaines à l’école](https://i0.wp.com/sunvimedia.info/wp-content/uploads/2020/11/Beatrice-Lalinon-Gbado.jpg?fit=800%2C534&ssl=1)
Avec mes séances d’incitation à la lecture j’ai pensé qu’il serait bien d’inviter des écrivaines à l’école afin qu’elles parlent elles-mêmes de leurs livres aux jeunes lecteurs, qu’elles les incitent à lire leurs livres, qu’elles aident à les motiver. Reste toujours la question épineuse: comment avoir le livre?
Quand l’écrivaine Béatrice Gbado Lalinon a été inscrite au programme, j’ai compris qu’une opportunité s’offrait parce qu’elle est aussi éditrice.
J’ai donc pris rendez-vous avec elle. Sa spontanéité et son enthousiasme m’ont encouragée et me voici dans son bureau.
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J’ai aimé voir Béatrice Gbado Lalinon. Je lui ai brièvement parlé de Fémicriture qu’elle connaissait déjà, de mes activités scolaires et de ma conviction que le livre se vendrait mieux s’il était porté aux apprenants, s’il leur était dévoilé.
Elle pensait comme moi. Mieux elle suggère de faire un prix scolaire afin d’aider tous les apprenants à s’acheter les trois livres de sa collection qui sont au programme. C’est ainsi qu’est né le concept : A chaque élève son livre.
Cette campagne a commencé depuis près d’un mois. L’écrivaine Béatrice Gbado Lalinon a mis les livres à disposition ainsi que des agents prêts à se rendre partout pour vous servir.
Béatrice Lalinon Gbado ; pour une littérature d’enfants africaine de qualité
L’écrivaine et éditrice Béatrice Lalinon Gbado, très largement saluée et récompensée, a beaucoup œuvré pour que la littérature de jeunesse acquière ses lettres de noblesse au Bénin.
Dans ses jeunes années, Béatrice Lalinon Gbado dévore les livres en grand nombre à la bibliothèque municipale de Natitingou, au nord du Bénin.
Professeure de sciences au collège de 1982 à 1999, elle défend l’idée d’une littérature pour enfants ambitieuse et de qualité, capable de prendre à bras-le-corps des sujets complexes ou sombres.
Elle crée en 1998, à Cotonou, la maison d’édition « Ruisseaux d’Afrique » et a dirigé, de 2002 à 2006, Afrilivres, l’Association des éditeurs francophones au sud du Sahara.
On lui doit une quarantaine d’ouvrages tels que « La Fête de l’igname », « Le Dauphin de Gorée », « Papayes et Papayers », « Le Nénuphar de Bola » ou « Le Village le plus propre », où elle sensibilise son jeune public à des questions aussi importantes que le respect de l’environnement, la maladie grave ou le deuil prématuré.
Béatrice Lalinon Gbado se montre également très attachée à mettre en valeur le patrimoine qui est le sien, via des livres à caractère ethnologique comme « Les Messages du pagne », « Le Fromage peuhl », ou « Proverbes africains ».
Structurée avec soin, « Ruisseaux d’Afrique » se subdivise en plusieurs catégories bien distinctes. « Serin et Libellule » se dédie ainsi aux tout petits, « Lunes et enchanteresses » correspond à un album de contes, « Enfant et santé » aborde l’hygiène et la prévention ; tandis que « Tanéka » se destine à un lectorat un peu plus âgé, et qu’ « Arts d’Afrique » consiste en une série de beaux-livres tout public.
La collection « A la découverte de la vie » – à laquelle Béatrice Lalinon Gbado tient tout particulièrement – s’intéresse à la genèse de la vie, chez les humains, les plantes et les animaux -, dans le sillage de la carrière de professeure de sciences de l’éditrice-écrivaine.
La reproduction des ovipares ou des mammifères, les plantes unisexuées, les lois de l’hérédité et la reproduction humaine se retrouvent au centre de l’attention, dans des albums intelligents, conçus de concert avec des profs de SVT, et des illustrateurs ayant recours à des méthodes très diverses : Ponce Zannou use ainsi de paillettes de bois et de pigments ; alors que Jemy Bernard a jeté son dévolu sur la gouache, et feu Hervé Gigot sur l’aquarelle.
Dans une perspective à la fois éducative et agréable, ces albums perpétuent la tradition des soirées aux clairs de lune et autres rites initiatiques, eux aussi dotés d’une visée clairement pédagogique.
La collection bien pensée de Béatrice Lalinon Gbado a permis de répondre à un vrai manque de la littérature jeunesse béninoise au début des années 90, et a connu un engouement notable dans plusieurs pays – de la Belgique au Canada en passant par l’Afrique.
Complimentée moult fois, les « Ruisseaux d’Afrique » ont reçu à deux reprises le prix Alioune Diop de l’édition francophone en Afrique, en 2002 et 2005.