Bénin : Les FCBE dans l’expectative

Les Béninois se rendront aux urnes pour élire leur Président de la République le 11 avril 2021. A quelques semaines de la tenue de ce scrutin crucial, de l’incertitude dans le rang des acteurs politiques. Le parti les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) est dans l’expectative.

Paul Hounkpè, secrétaire exécutif national du parti FCBE et sa troupe dans une posture politiquement inconfortable. C’est du moins ce qu’il convient de mentionner à quelques mois seulement de la tenue de l’élection présidentielle. Ce scrutin qui se tiendra dans un contexte sociopolitique particulièrement tendu n’offre aucune garantie à cette formation politique de se mettre en lice.

Suivant les dispositions de la nouvelle Constitution du Bénin adoptée en novembre 2019, l’article 44 stipule que tout candidat au poste de Président de la République et de vice-président de la République doit recevoir l’accord d’un nombre minimal d’élus dans des conditions fixées par la loi. Et suivant ces lois, il s’agit d’avoir au moins 10% de parrainage de l’ensemble de ces élus (Députés et maires).

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Cette disposition oblige donc les différents candidats en lice à obtenir, préalablement, le parrainage d’au moins 16 élus, députés et/ou maires. Même si cette disposition continue de susciter de vives indignations au sein de l’opinion publique et même dans la classe politique, le législateur béninois n’est pas encore prêt à la retoucher.

[penci_blockquote style= »style-2″ align= »none » author= » » font_weight= »bold » font_style= »italic »]C’est donc dans cette condition que se tiendra l’élection présidentielle du 11 avril 2021. En l’Etat, seul les partis politiques, Union progressiste (UP) et le Bloc républicain (BR) sont à même de présenter de candidats pour cette échéance électorale. Ces deux formations politiques sont favorables au régime du Président Patrice Talon, actuel Chef de l’Etat.[/penci_blockquote]

Le Parti Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), formation politique qui se réclame de l’opposition, ne pourra donc pas participer à ce scrutin. Raison ; le parti ne dispose que de six (6) maires élus à l’issu des élections communales et municipales de 2020. Mathématiquement, cette formation politique est d’office disqualifiée pour cette compétition.

L’espoir d’un « cadeau politique »

La politique n’est nullement une œuvre caritative, s’accordent les différents acteurs. Dans ce climat politique jonché d’incertitude et surtout d’anxiété, le parti FCBE mise sur une hypothétique faveur des responsables des formations politiques UP et BR. Ces derniers, espèrent-ils, pourraient inviter leurs élus de l’Assemblée nationale et des mairies à leur accorder un parrainage.

Un espoir qui pourrait vite s’étioler compte tenu de la règle sacrosaint dans ces différentes formations politiques. Il s’agit, à n’en point douter, de la discipline de groupe. Une clause qui oblige les membres de ces formations politiques à se soumettre aux consignes et orientations de la hiérarchie des partis.

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Il est certes vrai que des discours des dirigeants ou même de la Commission électorale nationale autonome (CENA) laissent entrevoir une ouverture d’un parrainage libre. Mais c’est un discours presque utopique qui ne pourrait se réaliser que sur la base d’une consigne ouverte et sincèrement donnée par le Chef de l’Etat, le parapluie politique qui ombrage les deux partis qui le soutiennent.

Le scénario sera donc simple. Le parti FCBE, dit parti de l’opposition pourrait compétir avec l’accord du Chef de l’Etat. Lui qui, pour démontrer une crédibilité du scrutin du 11 avril et pour tenter de corriger les mauvais souvenirs des élections précédentes, pourrait « offrir » un parrainage requis à ce parti. Et pour se faire, quelques élus (maires ou députés) seront commis pour accorder leur parrainage au candidat FCBE. Et ce n’est même pas évident que ces « parrains » soutiennent le candidat parrainé étant donné que leur orientation politique reste diamétralement opposée.

De l’autre côté, la consigne restera ferme et aucun élu de ces deux blocs ne donnera son parrainage au candidat des FCBE. Ceci, au nom de la discipline de groupe et de la conviction politique. Le faisant ainsi, le Président de la République (il a toujours le dernier mot sur ces deux formations politiques), aura certes respecté les dispositions législatives, mais il aura encore prouvé sa foi à ne « organiser que des élections exclusives sous son régime ».

Une destitution à la seconde

La loi sur la réforme du système partisan, malgré les insuffisances, a le mérite de rendre plus forts les partis et non les individus du parti. Mais à contrario, la volonté d’un seul responsable pourrait faire partir un maire de son fauteuil municipal.

[penci_blockquote style= »style-2″ align= »none » author= » » font_weight= »bold » font_style= »italic »]Ainsi donc, ceux qui pourraient ne pas rester les consignes de la hiérarchie du parti politique, pourraient être démis de leur fonction. L’anonymat mis en place par la commission électorale ne serait qu’un jeu politique. Puisque tout peut se savoir, surtout dans une administration publique.[/penci_blockquote]

Il suffira seulement d’une note de service de la direction générale du parti pour signifier au concerné son départ de son fauteuil pour soit « indiscipline ou refus de se soumettre à la volonté du groupe ». Des faits qui constituent déjà des fautes lourdes au sein de ces partis politiques.

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Rien qu’avec donc cette épée, la peur de perdre son poste et celle de se retrouver écarté de la chose politique pourraient contraindre des élus à se soumettre, malgré eux, aux injonctions du parti. Une attitude qui réduit considérablement les chances des candidats des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE).

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