Clifford Gikunda, du journalisme scientifique à l’apiculture durable

Bien que l’apiculture soit encore jeune, ses effets sur l’agriculture locale sont déjà visibles. Gikunda constate une augmentation du rendement de cultures comme les haricots, les pommes de terre et les noix de macadamia

Clifford Gikunda a passé plus de 15 ans à révéler des histoires qui relient la science à la société. Journaliste scientifique chevronné, affilié à des organisations internationales comme la Biodiversity Media Alliance et le Earth Journalism Network, Gikunda se retrouve aujourd’hui plongé dans un nouveau récit, écrit non pas avec des mots, mais avec des abeilles.

Ce qui a commencé comme un choc lors d’un événement local, voyant des gens pulvériser et tuer un essaim d’abeilles, est devenu l’étincelle d’une nouvelle passion. « C’était douloureux de voir les abeilles tomber les unes après les autres vers la mort », se souvient Gikunda. « J’en ai parlé avec ma femme et nous avons décidé d’agir ». Cette action a donné naissance à ce qui est aujourd’hui devenu une initiative apicole prometteuse.

Sans formation formelle, Gikunda a débuté son aventure apicole avec deux ruches fabriquées localement à partir d’eucalyptus envahissants. « Nous avons utilisé le bois de ces arbres pour fabriquer des ruches et avons planté des avocatiers Hass à la place », explique-t-il, transformant ainsi la dégradation environnementale en opportunité de restauration.

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S’appuyant sur un mentorat informel, des appels téléphoniques et des conversations WhatsApp avec des apiculteurs chevronnés, Gikunda s’est lancé dans ce qu’il appelle « l’essai-erreur ». En quelques jours, les ruches étaient colonisées et l’initiative a commencé à prospérer. Aujourd’hui, il gère dix ruches et ce n’est pas fini.

Les pollinisateurs au travail

Bien que l’apiculture soit encore jeune, ses effets sur l’agriculture locale sont déjà visibles. Gikunda constate une augmentation du rendement de cultures comme les haricots, les pommes de terre, les noix de macadamia et surtout les avocats Hass, grâce aux efforts inlassables de ses abeilles pour la pollinisation.

« Les abeilles sont les pollinisateurs par excellence », explique-t-il. « La vigueur des cultures s’est considérablement améliorée ». Les bénéfices, bien qu’indirects à ce stade, se sont répercutés sur les exploitations agricoles voisines, renforçant discrètement la sécurité alimentaire locale.

Combattre les idées fausses et gérer les défis

Le soutien n’a pas été partagé par tous. « Un voisin habitant à 500 mètres s’est plaint des abeilles », raconte Gikunda. « Les idées reçues sur les abeilles sont difficiles à corriger » Il espère organiser des formations à l’avenir pour sensibiliser les adultes et les écoliers à la valeur écologique des abeilles.

Il y a aussi eu des contretemps pratiques. « J’ai déplacé deux ruches une fois, et le lendemain, des essaims d’abeilles se sont abattus sur notre maison », se souvient-il. L’incident a entraîné des piqûres chez le bétail et une intervention d’urgence chez un vétérinaire. Les fourmis ont également représenté une menace, détruisant plus de 30 kilos de miel et déplaçant deux colonies. Sa solution ? Des chiffons imbibés d’huile de moteur noués autour des supports de la ruche – une barrière rustique mais efficace.

Vision au-delà de la ruche

Bien qu’il travaille toujours de manière indépendante, Gikunda est ouvert à la collaboration. « Je suis prêt à collaborer avec toute organisation qui soutient l’apiculture », déclare-t-il. Sa vision à long terme est d’étendre le projet à l’ensemble des terres de sa famille et de créer une source fiable de produits apicoles naturels pour le marché.

Plus qu’une simple activité commerciale, cette initiative est un appel à la conscience environnementale. « Nous devons comprendre que le monde ne nous appartient pas à nous seuls », souligne Gikunda. « Si les abeilles disparaissaient, les humains mourraient de faim d’ici 20 ans ».

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L’histoire de Gikunda ne concerne pas seulement les abeilles; elle nous rappelle notre rôle dans la préservation des écosystèmes dont nous dépendons. Alors que le changement climatique et la perte de biodiversité menacent les systèmes alimentaires en Afrique, des solutions durables à petite échelle comme l’apiculture sont essentielles.

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« En tant qu’Africains, nous devons prendre conscience que nos écosystèmes sont menacés », déclare-t-il. « Protéger les pollinisateurs, c’est protéger notre avenir ».

Avec chaque ruche bourdonnante et chaque avocatier en fleurs, Clifford Gikunda prouve que l’action individuelle, ancrée dans un objectif et une passion, peut inspirer le changement environnemental et la résilience économique.

Par Patrick Omoake

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