Zlecaf : Un an après, entre avancées significatives et défis persistants

Le 1er janvier 2023, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) entrait en vigueur. L’ambition est de créer le plus grand marché commun du monde, regroupant 55 pays, 1,3 milliard de consommateurs potentiels, et un produit intérieur brut cumulé de 3 400 milliards de dollars. Un an après, quel bilan peut-on dresser de ce projet phare de l’intégration africaine ?

Malgré la pandémie de COVID-19 qui a ralenti les échanges commerciaux et les négociations, la Zlecaf a enregistré des avancées significatives au cours de l’année 2023. Parmi les principales réalisations, on distingue la ratification de l’accord par 44 pays sur 55, soit 80 % des membres de l’Union africaine (UA). Les derniers pays à avoir ratifié l’accord, on trouve le Nigeria, la plus grande économie du continent, qui a franchi le pas en septembre 2023, après avoir longtemps hésité, par crainte de perdre sa compétitivité face aux importations  et le Maroc qui a finalement fait le pas en Décembre 2023.

Des avancées, il y a la soumission des offres tarifaires et des listes de services par 32 pays sur 55, soit 58 % des membres de l’Union africaine (UA). Ces offres et listes définissent les produits et les secteurs concernés par la libéralisation, ainsi que le calendrier et le rythme de la réduction des droits de douane. Selon l’accord, les pays africains doivent supprimer les droits de douane sur 90 % des produits échangés entre eux, sur une période de 5 à 10 ans, selon leur niveau de développement.

On y retrouve également le lancement du portail en ligne de la Zlecaf, qui permet aux opérateurs économiques, aux administrations publiques, et au grand public, d’accéder à toutes les informations relatives à la zone de libre-échange, telles que les règles d’origine, les tarifs douaniers, les procédures commerciales, les opportunités d’affaires, ou encore les actualités et les événements.

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Enfin, sur la liste des avancées, on retrouve également le renforcement du secrétariat général de la Zlecaf, basé à Accra, au Ghana. Ce dernier est chargé de coordonner la mise en œuvre de l’accord, de faciliter les négociations commerciales, de gérer les mécanismes de règlement des différends, et de promouvoir la coopération entre les parties prenantes. Le secrétariat général, dirigé par le Sud-Africain Wamkele Mene, compte désormais une quarantaine de collaborateurs, issus de divers pays et domaines d’expertise.

Des défis persistants

Malgré ces progrès, la Zlecaf fait face à de nombreux défis qui limitent son impact réel sur le commerce et le développement du continent. Parmi les principaux obstacles, on peut mentionner la faible participation des pays africains. A ce niveau, on note la faible participation des pays africains, qui n’ont pas tous ratifié l’accord, ni soumis leurs offres tarifaires et leurs listes de services. Certains pays sont réticents à s’engager dans la Zlecaf, par peur de perdre des recettes fiscales, de subir une concurrence déloyale, ou de compromettre leur souveraineté. D’autres pays sont confrontés à des contraintes techniques, juridiques, ou politiques, qui retardent le processus de ratification et de transposition de l’accord.

Quant à la complexité des négociations commerciales, elle porte sur des sujets sensibles et techniques, tels que les règles d’origine, les barrières non tarifaires, les services, les investissements, la propriété intellectuelle, la concurrence, ou encore le commerce électronique. Ces négociations impliquent de nombreux acteurs, aux intérêts divergents, et nécessitent des compromis difficiles à trouver. Elles sont également soumises à des échéances serrées, qui ne sont pas toujours respectées. Un autre obstacle est la faiblesse des infrastructures de transport, d’énergie, de communication, et d’eau, qui entravent la fluidité, la rapidité, et la sécurité des échanges commerciaux.

La faiblesse des infrastructures

Selon la Banque africaine de développement (BAD), l’Afrique a besoin de 130 à 170 milliards de dollars par an pour combler son déficit infrastructurel, qui représente jusqu’à 40 % du coût des produits africains. La BAD a lancé en 2018 le Programme d’intégration régionale pour l’Afrique (PIRA), qui vise à financer des projets d’infrastructures transfrontalières, tels que des corridors routiers, ferroviaires, ou aériens, des interconnexions électriques, ou des réseaux de fibre optique. La diversité des régimes commerciaux, qui coexistent sur le continent, et qui peuvent être incompatibles ou concurrents avec la Zlecaf est également notoire.

En effet, l’Afrique compte actuellement huit communautés économiques régionales (CER). Celles-ci ont chacune leurs propres règles et tarifs commerciaux, ainsi que des accords commerciaux bilatéraux ou multilatéraux avec des partenaires extérieurs, tels que l’Union européenne, les États-Unis, la Chine, ou l’Inde. Ces accords peuvent créer des distorsions, des discriminations, ou des conflits d’intérêts, qui nuisent à l’harmonisation et à l’approfondissement de la Zlecaf.

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La Zlecaf est un projet stratégique pour l’Afrique, qui vise à stimuler le commerce intra-africain, à diversifier les économies. Elle permet aussi de renforcer l’intégration régionale, et d’accélérer le développement du continent. Un an après son entrée en vigueur, la Zlecaf a enregistré des avancées significatives, mais elle fait face à des défis persistants.

Ainsi, pour que la Zlecaf soit une réalité, il faudra que les pays africains s’engagent pleinement, que les négociations commerciales aboutissent, que les infrastructures soient développées, et que les régimes commerciaux soient harmonisés.

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