Tanzanie : Qui est Samia Suluhu Hassan, la Présidente élue qui s’impose ?

« Moi, Samia Suluhu Hassan, je promets d’être honnête et d’obéir et de protéger la Constitution tanzanienne », avait-elle affirmé lors de sa prestation de serment en mars 2021

Samia Suluhu Hassan a été officiellement investie Présidente de la Tanzanie ce lundi 3 novembre 2025 dans un climat socio-politique plus ou moins tendu.

« Moi, Samia Suluhu Hassan, je jure de remplir mes fonctions de Présidente de la République \[…\], avec diligence et un cœur sincère », a-t-elle déclaré lors de la cérémonie. La Cheffe de l’État, apparue vêtue d’un voile rouge et d’une longue robe noire, a mis l’accent, dans son discours inaugural, sur « l’unité et la solidarité ». Selon les données de la commission électorale, Samia Suluhu Hassan a remporté 97,66 % des suffrages. 

Initialement perçue comme une femme politique expérimentée, affable, compétente et d’apparence réservée, l’image de Samia Suluhu Hassan a considérablement évolué. Quatre années et demie après son accession au pouvoir en Tanzanie, l’ancienne vice-présidente est désormais la présidente de ce pays d’Afrique.

« Moi, Samia Suluhu Hassan, je promets d’être honnête et d’obéir et de protéger la Constitution tanzanienne », avait-elle affirmé lors de sa prestation de serment en mars 2021, succédant au décès subit du Président John Magufuli. « J’exercerai honnêtement mes fonctions de présidente de la République unie de Tanzanie et assurerai la justice \[…\] sans crainte, ni faveur, ni haine. Avec l’aide de Dieu », s’était engagée cette femme de confession musulmane, arborant systématiquement un foulard.

Âgée de 65 ans, Samia Suluhu Hassan ambitionne désormais d’asseoir sa légitimité par son élection à la magistrature suprême. Née le 27 janvier 1960 à Zanzibar, issue d’une famille modeste (son père était instituteur et sa mère au foyer), Samia Suluhu Hassan est titulaire d’un master en « développement économique communautaire » obtenu dans le New Hampshire (États-Unis). Elle a débuté sa carrière au sein du gouvernement de l’île semi-autonome de Zanzibar, occupant d’abord des fonctions administratives, puis un poste de responsable du développement.

Samia Suluhu Hassan a exercé des fonctions ministérielles à plusieurs reprises : à Zanzibar (en charge des Femmes et de la Jeunesse, puis du Tourisme et du Commerce) entre 2000 et 2010, et au niveau national à partir de 2014 en qualité de ministre des Affaires de l’Union, auprès de l’ancien président Jakaya Kikwete. En 2015, elle a formé un tandem victorieux – une première pour une femme – avec John Magufuli, qui a dirigé le pays. Cinq ans plus tard, le duo est réélu. Suite au décès de John Magufuli, elle fut initialement saluée pour l’assouplissement des restrictions imposées par son prédécesseur. 

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Le principal parti d’opposition, le Chadema, a été exclu des élections pour avoir refusé de signer le Code de conduite électoral, qui selon lui n’intégrait pas les réformes qu’il réclamait. Son leader, Tundu Lissu, interpellé en avril pour trahison, et revenu en Tanzanie en 2023 après plusieurs années d’exil.

« Elle estime cela indispensable pour consolider son pouvoir dans une société patriarcale », confie à l’AFP un ancien conseiller, sous couvert d’anonymat par crainte de représailles. John Magufuli n’aurait eu qu’une faible considération pour Samia Suluhu Hassan, qu’il considérait comme un simple faire-valoir. De surcroît, la Cheffe de l’État a dû faire face à une pression considérable de la part des influents alliés de l’ancien Président au sein du parti, qui ont tenté de faire obstruction à son accession, d’après plusieurs analystes.

« Elle était consciente que le gouvernement dont elle héritait lui était profondément hostile, profondément misogyne… Elle ne pouvait donc se fier à personne. La paranoïa était omniprésente », estime l’ancien conseiller. « J’ai peut-être l’air courtoise et je ne hurle pas quand je m’exprime », décrivait en 2020 celle qui n’était encore que vice-présidente, « mais le plus important, c’est que chacun comprenne mes propos et que les instructions soient exécutées à la lettre ».

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