Bénin – Avortement clandestin : Quand des cliniques encouragent « le meurtre »

Des maux de ventre, des infections urinaires et vaginales sévères et un chemin vers une mort certaine. Ce sont là, des conséquences d’un avortement mal fait et de surcroît dans la clandestinité. Une aspiration, un curetage et une évacuation. Des solutions qu’offrent illégalement certaines cliniques aux femmes qui veulent mettre terme à une grossesse dans un pays qui ne l’autorise pas.

« Comme des menstrues, de gros caillots de sang sortaient de mon appareil génital ». Ainsi s’exprimait Michelle (un pseudonyme) qui venait de prendre une pilule. La vingtaine environ, la jeune femme ne se voit pas devenir mère de sitôt. « Mon partenaire et moi n’étions pas encore prêts », dit-elle pour justifier son choix.

Comme Michelle, de nombreuses femmes s’adonnent à cette pratique qui consiste à interrompre volontairement une grossesse. Dans un rapport du Bénin sur l’évaluation des besoins de plaidoyer pour l’avortement sécurisé, le nombre d’avortement enregistré en milieu hospitalier au plan national en 2016 est de 11423. Une autre étude de la même année démontre que parmi les adolescents et jeunes (12 – 25 ans) dans la partie septentrionale du pays, le taux d’avortement est de 9%. 5% était des avortements volontaires et 4% des avortements spontanés (fausses couches). Cela pourrait être une sous-estimation car souvent l’avortement n’est pas inclus dans le registre.

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Selon la loi N°2003-04 du 03 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction, en son article 17, « une grossesse ne peut être interrompue que sur prescription du médecin dans les cas suivants : lorsque la poursuite de la grossesse met en danger la vie et la santé de la femme enceinte, à la demande de la femme lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol ou d’une relation incestueuse ou lorsque l’enfant à naître présente une malformation congénitale ». En dehors de ces raisons, tout autre avortement est qualifié de clandestin puisque l’Etat béninois ne reconnait pas les Interruptions volontaires de grossesse (IVG).

[penci_blockquote style= »style-2″ align= »none » author= »Michelle, jeune fille » font_weight= »bold » font_style= »italic »]Le curetage est vraiment douloureux. La machine aspirait. On est sûr de tout évacuer de son utérus [/penci_blockquote]

Des années après, le souvenir de ce moment qu’elle qualifie d’atroce reste toujours gravé dans son esprit. Alors qu’il lui avait fallu « deux mois de négociation » pour obtenir cette opération, selon son témoignage.

Dans notre travail d’investigation, l’équipe de Sunvi Média a contacté et s’est entretenue avec les agents d’une clinique reconnue clandestinement pour la cause. Très méfiantes au début, les infirmières rencontrées sur place, à quelques encablures du PK 14, route de Ouidah, ont reconnu des cas. Pour ces agents, il faut d’abord s’assurer de la présence de la grossesse avant tout curetage ; dont l’échographie.

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Mais contrairement aux agents de cette clinique privée, la sage-femme rencontrée au Centre Hospitalier de la Mère et l’enfant (Chu-Mel), exige une autorisation avant toute analyse.

 Pire que l’accouchement…

« La douleur est insupportable », avoue Michelle qui ajoute que ce n’est pas un moment de plaisir. Même si la jeune femme ne regrette pas la modique somme de cent mille francs (100 000 francs CFA), soit 152,56 Euro, dépensés pour l’opération, elle ne compte pas le refaire « au risque de devenir stérile ».

En dehors de l’illégalité de l’avortement au Bénin, les prescriptions bibliques l’interdisent.

[penci_blockquote style= »style-2″ align= »none » author= »La sainte Bible » font_weight= »bold » font_style= »italic »]Il n’y aura dans ton pays ni femme qui avorte ni femme stérile et prescrivent la peine de mort pour quelqu’un qui provoque la mort d’un bébé dans le sein de sa mère[/penci_blockquote]

Une Etude Démographique et Santé (EDS 2014) du ministère de la santé a signalé que sur 347 décès enregistrés, 15% sont provoqués par des avortements réalisés avec des plantes et des décoctions. 68000 femmes dans le monde meurent suite à une opération chirurgicale clandestine pour cause d’hémorragie, infections et millions d’autres femmes en gardent les séquelles.

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Des spécialistes de la santé et de la reproduction ont donc unanimement proposé les méthodes contraceptives pour éviter toute grossesse non désirée. Elles ont certes des effets secondaires, mais demeurent des moyens les plus sûrs pour éviter d’exposer sa vie aussi près de la mort.

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