
Pour contrer l’expansion du terrorisme qui ne contient plus ses tentacules dans le Sahel, des dirigeants Ouest-africains se sont rencontrés au Ghana pour l’initiative Accra ce mardi 22 novembre 2022 pour échanger sur la question.
Alors que le djihadisme est aux seuils de certains pays du Golf de Guinée, l’urgence d’y faire réellement face semble être mieux perçue. Si on a toujours pensé ou eu l’impression que l’insécurité est l’affaire des autres ou que ça n’arrive qu’aux autres, et bien, la réalité nous débarbouille.
Depuis un temps, les attaques terroristes se multiplient au quotidien dans les États voisins du Sahel. Cet état de chose est alarmant et l’urgence est bien plus réelle comme l’a déclaré Nana Akufo-Addo, président ghanaien. “L’aggravation de la situation menace d’engloutir toute la région de l’Afrique de l’Ouest”. C’est donc conscient de cette menace que les dirigeants des pays membres de l’initiative d’Accra se sont retrouvés sous le thème “Initiative d’Accra: vers une réponse crédible, préventive et coordonnée aux défis auxquels sont confrontés les États côtiers et sahéliens”.
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Étaient présents à Accra pour les travaux, les présidents béninois, togolais, ghanaien, les premiers ministres ivoirien et burkinabè et aussi le président du conseil européen et celui de la commission de la CEDEAO. Cette fois-ci, les dirigeants se sont mis d’accord pour agir concrètement. A la fin de cette rencontre, des résolutions louables ont été prises. L’un des points majeurs des conclusions de ce sommet a été la mise en opération de la force conjointe de l’initiative, dans un court délai d’un mois. Sans attendre, comme à l’accoutumée, les partenaires pour financer ce projet, les participants ont décidé de contribuer sur fonds propres à financer ce projet de mise sur pied d’une force conjointe.
»Les chefs d’État et de gouvernement ont pris note de l’engagement des partenaires à soutenir l’initiative d’Accra dans la lutte contre le terrorisme dans la sous région et ont réaffirmé leur engagement à mobiliser les ressources endogènes nécessaires pour rendre opérationnelle, dans un délai d’un mois, la task-force conjointe multinationale de l’initiative d’Accra ». Communiqué à l’issue du sommet.
Cette prise de décision est souvent inhabituelle ou difficile à prendre par nos dirigeants. Ceci envoie des signaux de prise de conscience des dirigeants africains de cette région. Habituellement, on attend que se concrétisent les promesses des partenaires pour pouvoir aller au bout d’une initiative. Chose qui n’arrive pas tout le temps. Dans une interview accordée à Rfi et France 24, l’ancien Président tchadien Idriss Deby affirmait que pour le compte de la force militaire du G5 Sahel, il n’avait « rien » reçu des partenaires qui avaient fait des promesses. Cette décision de l’initiative d’Accra montre dorénavant qu’il est possible d’agir autrement. Et mieux, les pays africains en ont les moyens avec ses nombreuses ressources naturelles et minières. C’est ce qu’a rappelé d’ailleurs le premier ministre de la transition burkinabè lors du sommet dans la capitale ghanéenne.
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« En prélevant par exemple, rien qu’une petite somme sur chaque kilogramme de café vendu, de cacao vendu, de coton vendu, de lingots d’or extrait, nous pouvons réunir les fonds nécessaires pour soutenir cette initiative ». Aussi, des partenaires tels que la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union européenne, la Grande-Bretagne se sont-ils prononcés pour soutenir cette initiative. Le Nigéria qui y a assisté sous le statut de pays observateur a exprimé sa volonté de désigner un représentant au siège de la Task-force qui sera à Accra et s’est dit prêt à soutenir la force conjointe en appui aérien et logistique.
Il faut noter que le Mali et le Niger qui ont rejoint en 2019 l’initiative créée en 2017 en tant qu’observateurs, ont été absents à ce sommet.