
Au lendemain de son investiture, le nouveau Président du Nigeria, Bola Tinubu, a décidé de la suspension de la subvention de l’Etat pour le carburant. Il soutient que cette subvention pèse lourd dans le budget gouvernemental.
En 2022, l’Etat nigérian a accordé une aide financière de près de 10 milliards de dollars pour ce secteur pétrolier. Pendant sa campagne électorale, le candidat, Bola Tinubu, avait promis la suppression de cette subvention. Une fois élu Président de la République fédérale du Nigéria, il a aussitôt annoncé les couleurs lors de sa cérémonie d’investiture.
La mise en application de la mesure est prévue pour le mois de juillet 2023. Mais aussitôt annoncée, les prix du carburant ont quasiment triplé dans ce pays le plus peuplé d’Afrique.
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Selon la nouvelle administration, la subvention de l’essence devrait prendre fin le 30 juin 2023. Dans la capitale nigériane, la compagnie nationale pétrolière (NNPC) a réagi à cet argument que l’exécutif avance pour se dédouaner.
Elle a précisé que malgré la budgétisation des subventions de l’essence, le pouvoir précédent ne le payait plus. La dette du gouvernement envers la compagnie est estimée à 5,7 milliards d’euros. Elle a, par ailleurs, annoncé l’ajustement des prix de l’essence compte tenu des nouvelles réalités.
Les syndicats vent debout
Cette décision a provoqué l’ire du Congrès du travail du Nigéria (Nigeria Labour Congress). Les syndicalistes menacent d’aller en grève si le gouvernement fédéral ne se ravise pas avant le 7 juin. La mesure est visiblement impopulaire. En témoignent les réactions des Nigérians qui, exacerbés, lancent : « On va devoir se rendre au travail à pied (…) et les prix des biens vont exploser, c’est le peuple qui va en faire les frais ».
La subvention permettait aux populations d’avoir du carburant bon marché. L’augmentation du prix est critique pour un pays en proie à un taux d’inflation de 20 %. Joe Ajaero, président du Nigeria Labour Congress veut engager la lutte pour changer la donne.
La grève annoncée pour ce 7 juin 2023 a été reportée. Mais le syndicat se dit toujours déterminé à poursuivre autrement la lutte pour l’annulation de cette décision.
Les pays voisins touchés
Cette mesure, qui fait polémique au Nigeria, a des répercussions sur le Bénin. Grand consommateur de l’essence de contrebande venue de l’Est, ce pays est littéralement « enrhumé » chaque fois que le Nigeria « éternue ».
La situation fait augmenter le prix de l’essence « Kpayor », vendue dans les coins de rues et très accessible aux populations. Avant cette décision du Président Tinubu, l’essence au bord des rues dans les villes du Bénin tournait autour de 275 à 450 francs CFA. Mais depuis lors, c’est autour de 700 voire 7500 francs CFA que tourne cette essence à ces abords. En conséquence, les prix des transports urbains et intra-urbains ont explosé.
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Les consommateurs préfèrent se ruer dans les stations-essence. Mais, dans la plupart des cas, le produit est indisponible. Dans les rares endroits où on en trouve, il faut accepter de passer des dizaines de minutes dans les files d’attente avant de s’en procurer.
Officiellement, le gouvernement béninois n’a pas réagi à cette conjoncture et n’a pas annoncé des mesures pour soulager ses citoyens. Pour certains observateurs, si la situation dure, cela risque d’entraîner une inflation élevée et la baisse des activités économiques.