[Chronique] : Promesse de 2 mandats, ça ne convainc pas

Le Bénin expérimente son processus démocratique depuis février 1990. Secousse, tremblement, intrigues et chavirement à 360° de la barque, mais le pays a évité le naufrage. Et comme le dit la sagesse africaine pour paraphraser, « le roseau Bénin tord, mais ne rompt toujours pas ». Et le Président Patrice Talon s’y attèle d’ailleurs.

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Les événements ont pris une nouvelle tournure à l’arrivée au pouvoir du magnat du coton, Patrice Talon. Du retour de l’exil, l’homme prend la clé de la Marina (présidence de la République du Bénin) et dirige le pays sur des réformes qui divisent. En plus de la crise politique, le social peine à convaincre les Béninois. Les différentes statistiques des institutions de notation de performance classent certes le Bénin en bonne position, mais les populations souffrent toujours.

Même si la vision du Président Patrice Talon est claire quant à la révélation du pays à la face du monde, la mise en œuvre de cette vision semble ne pas recueillir l’assentiment de la grande masse. Aussi, note-t-on que des Béninois se méfient de la parole du Chef de l’Etat. Pour eux, ses promesses sont peu rassurantes.

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Ce samedi 10 juillet 2021 à Cotonou, le Président Patrice Talon a encore réitéré son ambition de ne faire que deux mandats présidentiels. Une promesse diversement appréciée. Mais est-ce qu’une telle promesse convainc vraiment l’opinion publique ? C’est d’ailleurs la grande interrogation. Et pour s’en convaincre, nous allons nous plonger dans certaines de ces déclarations publiques.

Volet des Médias

« Une fois élu Président de la République, je procéderai à l’amendement, dans le cadre des réformes politiques, de la loi organique de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) de sorte à y réduire l’influence politique et à limiter son pouvoir exorbitant ». Ainsi s’est exprimé le candidat Patrice Talon en 2016, en pleine campagne pour la présidentielle de la même année. A son élection et quelques jours seulement après sa prestation de serment, il a mis en place une commission chargée de s’occuper des questions liées aux réformes institutionnelles et constitutionnelles.

Dans le même secteur des médias, Patrice Talon avait promis l’indépendance des organes de presse et la liberté de ceux qui l’exercent. Mais depuis son arrivée au pouvoir, la liberté est bien restreinte, des journalistes emprisonnés, des organes de presse fermés et le Bénin de plus en plus déclassé dans le rapport de Reporter sans frontière (RSF).

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Aujourd’hui, la HAAC est plus politisée puisqu’il y aura désormais plus d’allogènes dans cette institution au même où le nombre des professionnels est toujours statique. Pire, le Président Patrice Talon a supprimé le ministère de la communication sous prétexte qu’il n’était plus opportun de garder ce département ministériel. In fine, cette promesse pour les médias n’a pas été tenue.

Volet politique

Au cours de sa prestation de serment en avril 2016, le tout nouveau Président de la République avait déclaré à la tribune qu’il fera de son seul et unique mandat une exigence morale. Un engagement d’un mandat unique de transition après les 10 ans de gouvernance de son prédécesseur, Thomas Boni Yayi.

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Mais après deux tentatives d’échec de son projet de loi portant sur la révision de la constitution du 11 décembre 1990, l’homme a changé de veste et s’est lancé dans le nouveau défi présidentiel. En 2021, il se présente à l’élection présidentielle contre toute attente. Les principaux acteurs politiques de l’opposition ont boycotté cette élection. Il remporte ce scrutin au premier tour face à deux autres candidats que des acteurs politiques qualifient de faire-valoir. Non seulement il a brisé sa promesse de mandat unique, mais il a réussi à museler la classe politique de l’opposition.

Et là encore, sa promesse n’a été pas tenue.

Volet social

Lors de sa prestation de serment en mai 2021, le Président de la République réélu, Patrice Talon, a placé son second mandat sous le signe de « hautement social ». Mais après seulement quelques jours, les prix des denrées de premières nécessités ont drastiquement grimpé.

Le consommateur peine à subvenir à ses besoins et ne pourra plus assurer les trois repas quotidiens exigés. Et le comble, des députés ont introduit une proposition de loi pour une assurance obligatoire des motos à deux roues en République du Bénin. Mais face à la colère de l’opinion publique, les députés, tous soutiens du régime Talon, ont dû se rétracter.

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Faire la promesse de ne faire que deux mandats présidentiels alors qu’il s’agissait d’un mandat unique pourrait ne pas convaincre davantage les Béninois. Et comme le dit-on souvent, les promesse politiques n’engagent que ceux qui y croient.

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