Les réformes du régime Talon dans le secteur de l’enseignement béninois laisse, pour certains acteurs, un goût amer avec un avenir presque incertain compte tenu de la situation les concernant. Parmi les « victimes » de cette réforme, les aspirants au métier de l’enseignement (AME) non reconduits après une année de preuve sur le terrain.
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J’aimerais être déployé sur le terrain pour servir ma nation. Les multiples soucis ont failli m’ôter la vie, je veux juste retrouver les apprenants. J’ai les compétences et les capacités nécessaires pour servir ma nation. Que les autorités finissent avec cette injustice. Ce sont là les quelques cris de détresse, presque sans espoir, des aspirants au métier de l’enseignement (AME) qui ont voulu se confier à la rédaction de Sunvi média.
Dans une lettre ouverte adressée à leur ministre de tutelle, les membres du collectif des AME ont fait savoir qu’ils sont au total plus de 4 mille aspirants au métier de l’enseignement (AME) qui avaient été régulièrement déployés en situation de classe au cours de l’année scolaire 2019-2020. Mais contre toute attente, pour des raisons qu’ils peinent à s’expliquer, ces enseignants déployés n’ont plus eu la chance d’être reconduits pour l’année scolaire finissante ; 2020-2021. Des démarches, des demandes de rencontres et toujours, l’espoir semble s’étioler au regard de la sourde oreille de l’équipe du ministre Kakpo Mahougnon.
Au ministère de l’enseignement secondaire de la formation technique et professionnelle, la nouvelle administration, l’écartement de ces enseignants n’est que la suite d’une réforme qui a permis la mise en place d’une base de données dans ce secteur pour plus d’efficacité.
A (re) lire : Bénin – Enseignement : Les aspirants non reconduits se confient à leur ministre de tutelle
[penci_blockquote style= »style-2″ align= »none » author= »Ministère de l’enseignement secondaire de la formation technique et professionnelle » font_weight= »bold » font_style= »italic »]Le système devrait les reconduire s’ils étaient vraiment à jour dans la base de données. Par contre, les aménagements sont en cours pour parfaire la base de données les concernant.[/penci_blockquote]
Mais pour les AME non reconduits, il s’agit de l’augmentation des marges horaires des enseignants retenus en situation de classe qui serait la cause de leur malheur. Une décision qui contredit d’ailleurs l’arrêté N°069 du 27 novembre 2019 portant charge horaire des enseignants des lycées et collèges en République du Bénin.
« J’ai failli m’ôter la vie »
Les aspirants au métier de l’enseignement (AME) non reconduits ont connu de fortune divers au cours de cette année scolaire 2020 – 2021 où ils ont été contraints de rester à la maison. Certains ont survécu avec les quelques heures qu’ils ont eues dans les établissements privés aux fins de se dépanner, d’autres ont vécu toute l’année à la maison et étaient même au bord du suicide ; d’autres n’ont pas pu résister à cette tentation et ont été emportés par la dame « faucheuse ».
Pour Prince Felséra Bosco Ganyé, enseignant AME de Physique Chimie Technologie (PCT), la traversée a été vraiment un calvaire et l’espoir est né après que les établissements privés de la place lui ont attribué quelques heures de cours. Et là encore, ce n’est qu’une lueur d’espoir pour ne pas « mourir de faim ». Tout comme lui, Romuald, Albert et Justine ont pu bénéficier de l’indulgence des responsables des établissements privés avec quelques heures en guise de « dépannage professionnel ». Pour d’autres, c’est une période financièrement compliquée et professionnellement infligeant.
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[penci_blockquote style= »style-2″ align= »none » author= »Vignon Ignace Noukpozounkou, enseignant des SVT, AME non reconduit » font_weight= »bold » font_style= »italic »]C’est pour la première fois dans ma vie que je suis resté à la maison pendant toute une année sans les heures d’enseignement. Les multiples soucis ont failli m’oter la vie, mais je rends grâce à ma mère et à ma femme qui m’ont soutenu sur tous les plans. Je ne pouvais répondre à aucun besoin financier personnellement sans leur aide.[/penci_blockquote]
De son côté, Samuel Christone Hillah, élève professeur adjoint (EPA) en Espagnol, affirme que cette période où il a été contraint de rester à la maison est un moment très dramatique, honteux, tant pour lui que pour sa famille qui voyait son fils oisif à la maison dans l’espoir d’un hypothétique appel du gouvernement. « J’ai connu un traumatisme terrible et je ne m’en remets toujours pas d’ailleurs », nous a confié Samuel.
Après cette période si traumatisante, les aspirants au métier de l’enseignement (AME) non reconduits n’ont qu’un seul souhait, retourner dans les salles de classes pour reprendre le travail tout en servant la nation béninoise dans leur domaine d’intervention. Unanimement, les AME non reconduits invitent les autorités ministérielles et gouvernementales à rétablir la crédibilité de l’Etat en rendant exécutoire les décisions de délibérations des différents tests de constitution de base de données dont les procès-verbaux de délibération dûment signés qui en sont issus, rendus publics et affichés dans toutes les directions départementales en charge de l’Enseignement secondaire de la formation technique et professionnelle. Par cette doléance, ils demandent donc que la base de données reprenne tous ceux qui ont leur nom sur au-moins un procès-verbal de délibération dûment signé à compter de la rentrée scolaire 2021 – 2022.
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Aussi, voudront-ils le rédéploiement, pendant les vacances, de tous les AME déployés l’année scolaire 2019-2020 mais « injustement » laissés oisifs et miséreux à la maison pendant toute cette année qui s’achève. Un souhait qui pourrait être entendu puisque le nouveau ministre, dans une de ses sorties cette semaine, a promis reconsidérer la base de données aux fins de corriger encore ce qui peut l’être. Un engagement qui pourrait redonner espoir à ces AME qui sont de plus en plus désespérés professionnellement.
