![Gouvernance locale à Bohicon : Les gares routières mal logées malgré leur contribution financière](https://i0.wp.com/sunvimedia.info/wp-content/uploads/2021/03/Gare-centrale-Bohicon-1.jpg?fit=800%2C450&ssl=1)
A Bohicon, (120 km au nord de Cotonou), les différentes taxes et impôts qui proviennent des gares routières et parcs de la commune constituent une part importante dans la mobilisation des recettes de ladite commune. Mais ces gares qui devraient être entretenues au regard de leur contribution financière sont presque abandonnées dans un état lamentable.
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L’image que projettent les gares routières et parcs automobiles à Bohicon est déplorable. « Il est inconcevable que la gare centrale de Bohicon soit, depuis plus de 20 ans, dans le même état de délabrement, dans la boue quand il pleut et dans la poussière en temps de sécheresse », déplorait Marcel Djidago, alors président du collectif des syndicats de conducteurs et transporteurs assimilés du Bénin (Cosycotrab).
Sur ces gares, le constat est frappant. Plus d’enseigne indicative, les bâtiments sont vétustes et très peu entretenus. L’insalubrité est tout aussi notoire. Contrairement au gestionnaire de la gare centrale de Bohicon qui dispose d’un bureau peu équipé et peu entretenu, ceux des gares Zou Nord, de Sodohomè et du parc à bus doivent plutôt s’installer en plein air s’exposant ainsi à toutes les intempéries.
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« L’actuelle équipe communale que dirige le maire Rufino d’Almeida travaille bien et entend moderniser les gares routières et parcs de la commune. Les réformes sont en cours pour cette fin », a fait savoir Daniel Batchehoumba, président de la gare Zou Nord et de Sodohomè ce 24 février 2021. Poursuivant ses propos, il s’offusque du fait que les mandatures précédentes ne se sont intéressées aux gares et parcs que pour la collecte des différentes taxes.
![L'entrée de l'actuel parc à bus à Agbangon, Bohicon © Finogbé/SM](https://i0.wp.com/sunvimedia.info/wp-content/uploads/2021/03/Parc-a-bus.jpg?resize=1024%2C512&ssl=1)
Cette absence d’entretien et d’aménagement des gares avait contraint le Cosycotrab à dénoncer en 2014, au cours d’un meeting sur la gare centrale, la mauvaise gestion des recettes collectées sur ces lieux. Le collectif a également déploré l’absence de dialogue avec l’autorité communale.
Et pourtant, la législation…
Suivant les dispositions de la loi N° 97- 029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin en son article 89, « la commune à la charge de la réalisation, de l’entretien et de la gestion des gares routières, des embarcadères et des parkings à caractère local ». Et à ce titre, la loi N° 98-007 du 15 janvier 1999 portant régime financier des communes en République du Bénin donne plein pouvoir à la commune de collecter des taxes sur ces gares routières pour ses recettes.
[penci_blockquote style= »style-2″ align= »none » author= »L’article 11, loi N° 98-007 du 15 janvier 1999 portant régime financier des communes en République du Bénin » font_weight= »bold » font_style= »italic »]les recettes de la section du fonctionnement provenant des prestations et services de la commune comprennent (…) les droits sur les services marchands tels que l’excédent des produits sur les charges des gares routières et des marchés ou la part revenant à la commune et la taxe de stationnement sur les gares routières[/penci_blockquote]
L’article 17 de cette loi mentionne que l’entretien et l’aménagement des rues, chemins de voirie urbaine et même les gares routières font partie des dépenses obligatoires que la mairie doit engager.
Dans le rapport financier portant tableau comparatif des recettes mensuelles issues des unités marchandes année triennal 2018 – 2020 que nous a présenté Jean-Luc Aïkpé, Chef service intérimaire de la Division des régies financières de la mairie de Bohicon ce 24 février 2021, l’ensemble des gares routières et parcs de la commune génère en moyenne 1 million 789 mille 600 francs CFA par mois.
En 2017, la régie a mobilisé au total 255 millions 930 mille 155 francs CFA dont 21 millions 794 mille 400 francs CFA (8,51%) des gares. En 2018, elle a mobilisé 59 millions 105 mille 200 francs CFA sur les gares sur les 406 millions 511 mille 10 francs CFA de l’année avec un taux de 14,53%. L’année 2019 a permis à la régie de mobiliser 327 millions 270 mille 552 francs CFA avec 49 millions 958 mille 600 francs CFA (15,28%) sur ces gares. L’année 2020 étant exceptionnelle, les gares n’ont généré que 29 millions 558 mille 725 francs sur les 339 millions 671 mille 900 francs CFA de l’année soit un taux de 8,70%.
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Quant au taux réservé à l’aménagement et l’entretien de ces gares au regard des recettes qui y sont mobilisées, Reine Dansou, Chef service des affaires économiques (C/SAE) de la mairie de Bohicon, a clairement signifié que la caisse est unique et cela dépend de la vision du maire. On ne saurait donc présenter, poursuit-elle, des données spécifiques sur cet aspect.
Malgré ces recettes que génèrent mensuellement et annuellement les gares routières et parcs de la commune, la mairie n’a aucune ligne budgétaire pour leur entretien et aménagement. « La mairie ne fait que collecter, collecter sans penser au bien-être des usagers, sans penser aménager les lieux et sans penser offrir les meilleures conditions de travail aux responsables », se désole Ahouanganon (pseudonyme), un des membres du comité de gestion de la gare Zou Nord. Un avis que partagent des conducteurs, premiers acteurs de ces gares routières.
Approchée, Georgette Djènontin Bada, chargée de l’économie et des finances locales à l’Association nationale des communes du Bénin (ANCB), nuance en abordant le principe d’unicité de la caisse de la commune.
[penci_blockquote style= »style-2″ align= »none » author= »Georgette Djènontin Bada, chargée de l’économie et des finances locales à l’ANCB » font_weight= »bold » font_style= »italic »]La commune collecte toutes les taxes en vertu de la loi N° 98-007 du 15 janvier 1999 portant régime financier des communes en République du Bénin. Ces taxes tombent toutes dans la caisse commune de la mairie. C’est donc à partir de cette caisse commune que la mairie fait le dispatching des fonds pour des projets et actions de développement selon la politique du maire[/penci_blockquote]
En somme, malgré les recettes que génèrent les gares routières et parcs pour le compte de la commune de Bohicon, ils sont les parents pauvres et ne bénéficient presque pas de l’attention du conseil communal. Quant à leur entretien et aménagement, les travaux ne se limitent qu’au discours selon des acteurs. « Malheureusement, ce sont nos recettes ici qui sont utilisées pour d’autres projets au moment où nous croupissons presque dans cet état piteux », clame impuissamment Mathurin Avlessi, président de la commission ad’hoc du parc à bus d’Agbangon.
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Le statu quo malgré la volonté affichée du maire Rufino d’Almeida
L’actuelle mandature du maire Rufino d’Almeida a affiché sa volonté de réformer le secteur. Mais cette volonté contraste avec l’intention budgétaire exercice 2021 votée par le conseil communal. En effet, dans le budget primitif gestion 2021 de la commune de Bohicon, aucune ligne budgétaire n’est dédiée aux travaux confortatifs des gares routières et parkings de la commune.
![Parc à bus modernisé à Agbangon, Bohicon, grâce au projet PAURAD. © Finogbé/SM](https://i0.wp.com/sunvimedia.info/wp-content/uploads/2021/03/Parc-a-bus-Nouveau-1.jpg?resize=1024%2C512&ssl=1)
Et pour l’entretien et la réparation des biens immobiliers dans la commune, seuls le curage et le désensablement des caniveaux et des voies sont prévus à hauteur de 15 millions de francs CFA. Même la modernisation du parc à bus prévue dans le budget (287 millions 500 mille francs CFA) est entièrement prise en charge par le projet PAURAD sur financement du PDIEM 2 et FADEC 2019. La mairie, maître d’ouvrage délégué n’a déboursé aucun franc. C’est le même projet PAURAD avec le même financement qui a construit la nouvelle gare routière située à quelques mètres du carrefour Dako.
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Au ministère du cadre de vie et du développement durable, ministère en charge du projet PAURAD, le Chef service habitat de la direction départementale Zou de ce ministère, Modeste Kpadonou, nous a confié que les mairies préfèrent consacrer un budget conséquent pour le salaire du personnel que des travaux du genre.