Développement : L’Afrique au-delà des stéréotypes

Souvent réduit à des clichés de vastes savanes et de faune majestueuse, le continent, qui abrite quelque 1,4 milliard d’habitants et couvre 30 millions de kilomètres carrés, est en réalité bien plus complexe et dynamique que cela.

Préfigurant les tendances mondiales à venir, le Kenya est devenu il y a près de vingt ans un pionnier inattendu des paiements mobiles. En 2007, Safaricom, le plus important opérateur de téléphonie mobile du Kenya, a lancé M-Pesa, un système révolutionnaire qui permet d’effectuer des transactions en temps réel via de simples messages texte, sans avoir besoin de smartphone ou d’internet à haut débit. Aujourd’hui, M-Pesa n’est plus seulement l’une des principales plateformes de paiement mobile d’Afrique, mais a étendu son influence bien au-delà des frontières du continent.

La réussite de M-Pesa reflète une réalité négligée de l’Afrique. Souvent réduit à des clichés de vastes savanes et de faune majestueuse, le continent, qui abrite près de 2 milliard d’habitants et couvre 30 millions de kilomètres carrés, est en réalité bien plus complexe et dynamique que cela.

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Remettre  en question les stéréotypes occidentaux

En 2019, lorsque le New York Times cherchait un nouveau chef de bureau à Nairobi, son offre d’emploi a suscité la controverse, car elle décrivait l’Afrique de l’Est comme un endroit difficile à vivre et ravagé par les conflits. L’annonce mentionnait les « déserts du Soudan » et les « mers infestées de pirates de la Corne de l’Afrique », et présentait le poste comme consistant à couvrir le terrorisme et le « va-et-vient constant entre la démocratie et l’autoritarisme » dans la région.

De fait, depuis des années, les médias occidentaux perpétuent une image de l’Afrique qui se concentre essentiellement sur les conflits, les maladies et la pauvreté, souvent au détriment d’une représentation plus nuancée et plus précise.

Ignorant les progrès dynamiques réalisés par l’Afrique, ces représentations simplistes et sensationnalistes ont créé une vision biaisée, voire fausse, du continent africain.

L’incapacité à s’attaquer aux causes profondes des problèmes de l’Afrique – des siècles d’exploitation coloniale et de marginalisation – a encore aggravé ces préjugés. Selon certains analystes, cette vision unilatérale du continent africain constitue une nouvelle forme d’exploitation.

Des histoires qui méritent d’être racontées

L’Afrique est aujourd’hui un mélange de vitalité et d’innovation. Des progrès en matière d’énergies renouvelables à des secteurs financiers florissants en passant par une expression culturelle dynamique, le continent ne cesse de défier ces stéréotypes dépassés.

Le Kenya est par exemple un véritable leader dans le domaine des énergies renouvelables, qui ont représenté près de 90 % de l’énergie qu’il a produite et consommée en 2021, dépassant en cela de nombreux pays développés, selon l’Agence internationale de l’énergie.

Le paysage des technologies financières est également en plein essor, avec plus de 500 entreprises africaines proposant des innovations technologiques dans le domaine financier. Des villes comme Johannesburg, Nairobi et Lagos sont désormais reconnues parmi les 100 meilleurs écosystèmes de startups fintech au monde.

L’essor du Botswana est particulièrement remarquable. Après avoir obtenu son indépendance en 1966, date à laquelle il était l’un des pays les plus pauvres du monde, il a exploité ses ressources en diamants pour atteindre le statut de pays à revenus intermédiaires au début des années 1990, avant de se lancer dans une diversification de son économie. Aujourd’hui, son PIB par habitant ajusté en fonction du pouvoir d’achat approche les 20.000 dollars américains.

Le Rwanda est quant à lui le premier pays mondial en matière de représentation féminine dans les postes de décision. Plus des deux tiers des sièges parlementaires du pays et 50 % des postes ministériels sont en effet occupés par des femmes.

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En 2013, l’Union africaine (UA) a en outre lancé l’Agenda 2063, un plan visionnaire proposant une transformation socio-économique du continent sur une période d’un demi-siècle.

Une voix plus forte sur la scène internationale

Malgré ces progrès, l’Afrique reste confrontée à des défis importants, notamment les retombées du changement climatique et des coûts financiers élevés. Pourtant, le continent fait de plus en plus entendre sa voix sur la scène internationale, plaidant pour un système mondial plus équitable et pour une meilleure justice climatique.

De récentes initiatives diplomatiques, comme l’organisation d’une mission de paix africaine en juin 2023 pour tenter de remédier à la crise ukrainienne, ou encore l’inclusion de l’Egypte et de l’Ethiopie au groupe BRICS en août 2023, attestent de l’influence croissante de l’Afrique sur la scène mondiale. L’adhésion de l’UA au G20 a encore renforcé la représentation de l’Afrique au sein de la gouvernance mondiale.

« La participation de l’UA au G20 nous fournira une plateforme unique pour contribuer à la gouvernance et aux décisions économiques mondiales », a déclaré le ministre éthiopien des Affaires étrangères Taye Atske Selassie lors du 37e sommet de l’UA en février.

La Chine reste un partenaire essentiel dans la quête d’unité et d’autonomie de l’Afrique. Grâce à des cadres de travail comme l’Initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) et le Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), la coopération pratique Chine-Afrique continue à s’intensifier.

Le sommet 2024 du FCSA, qui se tiendra du 4 au 6 septembre à Beijing, devrait permettre de dégager un consensus majeur entre les deux parties et de définir la marche à suivre pour mettre en œuvre une coopération sino-africaine de qualité au cours des trois prochaines années.

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« Au cours des deux dernières décennies, nous avons vu les relations entre les pays africains et la Chine se renforcer considérablement. Nous avons vu leurs relations économiques se renforcer. Nous avons même vu leurs relations politiques se renforcer. Nous espérons que le Forum sur la coopération sino-africaine conduira à un renforcement supplémentaire de ces liens », a indiqué Hannah Ryder, PDG de Development Reimagined, un cabinet de conseil en développement international basé à Beijing

L’original de cet article a été  publié ici

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