
Dans le village de Rukole, au nord de la Tanzanie, Fraiska Steven utilise le fumier de bétail pour augmenter la production agricole de son exploitation de 1,5 acre. Grâce à une émission de radio qui lui a fait connaître le projet Mavuno, madame Steven a appris à se servir du fumier pour fertiliser ses bananiers, son maïs et son haricot. Ses rendements ont triplé, lui permettant ainsi de scolariser ses cinq enfants. Elle forme désormais d’autres agriculteurs et agricultrices, en leur partageant les techniques qu’elle emploie pour une meilleure sécurité alimentaire.
À midi, Fraiska Steven se tient devant son étable laitière. Elle a une machette dans la main droite et un mélange de fourrage pour bovin dans la main gauche. La résidente de 49 ans du village de Rukolo, au nord de la Tanzanie prend bien soin de ses trois vaches et ses quatre chèvres, et elles lui procurent en retour du fumier pour fertiliser ses cultures.
Madame Steven a entendu parler du fumier de bétail dans une émission de radio qui lui a fait connaître le projet Mavuno qui apprend aux agriculteurs et aux agricultrices comment fertiliser leurs champs avec du fumier. Mavuno est un terme kiswahili qui signifie récolte.
Elle a commencé son exploitation de 1,5 acre avec 10 bananiers, puis elle a continué à l’agrandir. Au début, elle produisait moins de 100 kilogrammes de haricot et 200 kilogrammes de maïs. Maintenant, elle récolte plus de 300 kilogrammes de haricot et jusqu’à 800 kilogrammes de maïs.
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Madame Steven ramasse le fumier de ses bovins et les entasse dans un lieu désigné où elle le laisse se décomposer au soleil pendant des mois. Par la suite, elle creuse des trous superficiels, en forme de demi-lune, d’une profondeur d’un à trois pieds de profondeur, près de la base des troncs des bananiers et dépose le fumier bien décomposé à l’intérieur. Elle couvre le fumier et le laisse refroidir pendant plusieurs jours avant de pouvoir l’utiliser sur son haricot et son maïs.
Elle conseille aux agriculteurs et aux agricultrices de porter des salopettes, des bottes et des gants lorsqu’ils manipulent le fumier pour se protéger d’éventuels risques pour la santé.
Le fumier animal permet d’améliorer la production de la ferme familiale des Steven, et d’améliorer leur revenu et leur sécurité alimentaire. Grâce aux meilleurs rendements générés par le fumier du bétail, madame Steven parvient à scolariser ses cinq enfants, et certains sont même à l’université.
Monsieur Steven ajoute : « Notre famille peinait à avoir de quoi manger, mais, maintenant, grâce au fumier animal qui augmente les rendements de notre exploitation, nous avons une source stable de revenu et nous pouvons subvenir à nos besoins. »
Madame Steven forme également d’autres agriculteurs et agricultrices du village de Nyarugando, et les aide ainsi à récolter plus.
Byamanyirohi Williamson fait partie des personnes qu’elle a formées. Il déclare : « Sur mon exploitation de 1,5 hectare, je récoltais avant des régimes de bananes qui pesaient moins de 10 kilogrammes chacun. Après avoir appris de madame Steven, mes régimes pèsent désormais 50 à 60 kilogrammes. »
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Crodrick Kiramba est le responsable de l’agriculture et de l’élevage de la circonscription d’Ihanda, dans le district de Karagwe. Il explique que le fumier de bétail, les bananiers et le haricot contribuent ensemble à la fertilisation durable du sol.
Il déclare : « Le fumier de bétail fournit des aliments aux organismes vivant dans le sol qui favorisent le processus de fertilisation durable du sol. Les bananiers apportent assez d’eau et les nœuds des racines du haricot fournissent des éléments nutritifs et aident aussi à prévenir l’érosion du sol. »
Concernant la technique d’application du fumier, monsieur Kiramba explique que le fumier doit rester au soleil, recouvert d’herbes sèches, et ce, pendant un à trois mois, en fonction du climat. Cela peut être plus long en saison pluvieuse. Le fumier de compost bien décomposé ne brûle pas les plantes, mais libère tous les éléments nutritifs nécessaires pour nos cultures et maintient le sol humide.
Après, les agriculteurs et les agricultrices transfèrent le fumier dans des trous en le mélangeant avec de la terre noire, et couvrent le trou par la suite. Il déclare : « Vous devez creuser un trou en forme de demi-lune à 30 centimètres du tronc du bananier, avec une profondeur de 30 à 60 centimètres. »
Il ajoute ensuite : « En fonction de la quantité de fumier disponible, mettez à part la première moitié de la terre au-dessus et le reste en dessous. Mélangez le fumier avec la terre du dessus et étalez-le uniformément, en laissant une petite ouverture avant de remplir le trou. » Il faut laisser le fumier refroidir pendant quelques jours. Ensuite, il peut être utilisé sur la terre de l’exploitation agricole.
Les agriculteurs et les agricultrices peuvent également faire du fumier de compost en mélangeant des excréments d’animaux avec des végétaux fixateurs d’azote, comme les feuilles de haricot ou d’arachides, pour avoir des éléments nutritifs supplémentaires.
Happiness Benson, un spécialiste agricole du projet Mavuno dans le district de Karagwe, cite madame Steven comme une agricultrice modèle. Elle déclare : « Madame Steven se démarque parmi les 55 000 agriculteurs formés en 2012 sur l’agriculture biologique et la préservation de l’environnement. »
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Le parcours de madame Steven est un important rappel qu’en étant dévoués et qu’en ayant les bonnes connaissances, les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales peuvent transformer leur vie et contribuer au développement durable de leurs communautés.
La présente nouvelle a été produite par Edison Tumaini Galeba grâce au soutien financier de la Fondation Biovision et a été initialement publiée sur Farmradio.FM
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