
Comment concevoir qu’un pays tel que le Bénin, doté d’une ouverture stratégique sur l’océan Atlantique et encerclé par des nations riches en hydrocarbures, demeure incapable d’exploiter ses propres ressources pétrolières ?
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Situé dans une région où abondent les gisements, le Bénin, à l’instar du Nigeria et du Niger, semble pourtant disposer de réserves prometteuses. Les faits passés renforcent cette conviction : l’exploitation pétrolière à Sèmè, entreprise par une société étrangère dans les années 80, témoigne de l’existence avérée de ressources sous le sol béninois. Pourquoi alors cette activité a-t-elle été brusquement interrompue ? Faut-il y voir un hasard géologique ou une orchestration savamment dissimulée d’intérêts étrangers soucieux de préserver cette richesse dormante ?
Sous le mandat du président Boni Yayi, l’ancien ministre Barthélémy Kassa avait confirmé, avec une solennité qui n’a échappé à personne, la présence d’un gisement pétrolier d’une valeur significative. Preuve à l’appui, il avait brandi un gobelet rempli de pétrole béninois devant les caméras et les micros réunis au palais de la Marina. Pourtant, cet élan a été rapidement suspendu, comme si une force occulte avait délibérément décidé de mettre ce projet en veille.
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Doit-on s’interroger sur l’existence d’une volonté extérieure visant à conserver ce gisement en réserve, en attendant l’épuisement ou l’exploitation plus rentable de ceux du Niger ou des autres pays voisins ? Ces questions troublantes méritent d’être posées tant elles semblent révéler les subtilités d’un jeu géopolitique où le Bénin serait réduit au rôle de spectateur impuissant.
Or, aujourd’hui, un changement inattendu s’opère. Le contexte international, marqué par l’affaiblissement de la mainmise étrangère sur le pétrole nigérien, semble soudainement favoriser une reprise des ambitions pétrolières béninoises. Mais s’agit-il d’une initiative souveraine ou du fruit d’une stratégie étrangère soigneusement calculée ? Le Bénin, autrefois marginalisé dans le concert des nations pétrolières, se voit subitement « autorisé » à exploiter ses gisements.
Peut-on croire à une coïncidence fortuite, ou devons-nous y lire les signes d’une nouvelle tentative de domination néocoloniale masquée sous des apparences bienveillantes ?
Cette situation invite à la prudence. Si le pétrole, synonyme de richesse pour certains, est aussi une source de tensions et de conflits dans nombre de pays en développement, qu’en sera-t-il pour le Bénin, terre de paix et modèle démocratique en Afrique de l’Ouest ? L’histoire de Behanzin, Bio Guéra, Kaba et Mathieu Kérékou rappelle aux dirigeants actuels le devoir sacré de protéger les intérêts supérieurs de la nation contre toute ingérence extérieure. Une exploitation pétrolière mal encadrée pourrait, en effet, non seulement attiser des convoitises, mais aussi fragiliser la stabilité politique et sociale du pays.
Il appartient désormais aux autorités béninoises de faire preuve d’un patriotisme exemplaire et d’une vigilance accrue. La richesse pétrolière, si elle est exploitée avec discernement et transparence, doit servir de levier au développement inclusif et au mieux-être des citoyens. Mais pour que cette manne ne se transforme pas en piège, il est impératif que le Bénin demeure maître de son destin. Refusant d’être un simple pion dans les calculs des puissances étrangères, il doit inscrire cette relance pétrolière dans une dynamique de souveraineté économique et d’émancipation nationale.
Dr Hubert DJOGUÉ
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