
Le changement climatique n’a pas encore fini de flageller l’Afrique qui semble subir injustement la punition pour le péché qu’a commis d’autres. Au regard de cette situation et à la veille de la conférence des parties sur le climat COP 27 qui se déroule du 7 au 18 novembre, Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, lève la voix.
Avec une émission de gaz à effet de serre estimée à seulement 4%, l’Afrique subit les affres de la crise climatique. Inondations, insécurité alimentaire, érosion côtière, dégradation des sols, sécheresses. Ainsi se résume le quotidien de certaines populations de quelques pays africains qui occasionnent les déplacements internes et externes, l’insécurité alimentaire et la famine. Et pourtant, elle dispose de nombreuses ressources naturelles dont l’exploitation et la gestion efficiente permettrait de pallier un tant soit peu aux problèmes auxquels elle fait face.
L’Afrique détient la plus grande superficie de terres arables au monde. Elle a le bassin du Congo qui regroupe 70% des forêts du continent avec une capacité de stockage d’au moins 25 milliards de tonnes de carbone, l’un des plus importants puits de carbone au monde et est un des principaux foyers mondiaux de la biodiversité. Si naturellement tout semble être favorable pour la résilience climatique du continent, il faut se rendre compte d’une évidence. Au-delà des injustices sur l’échiquier mondial et de l’inégalité entre économies où il y a des superpuissances pollueuses et des économies sous développées qui assument les conséquences de la pollution au même titre que les premières, il y a depuis longtemps le manque, en Afrique, de politiques concrètes et efficaces en matière de climat.
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Cependant, avec l’accentuation des chocs climatiques que les différentes crises sanitaires, alimentaires et énergétiques ont contribué à aggraver la situation. Les dirigeants africains ont pour impératif de se conscientiser.
« Le nouveau Rapport national sur le climat et le développement (CCDR, en anglais) – récemment publié pour les pays du G5 Sahel et à paraître pour le Cameroun, le Ghana et d’autres pays– montre que le changement climatique pourrait entraîner des pertes annuelles de 2 % à 12 % du PIB d’ici 2050. Au Sahel, 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté d’ici 2050 si rien n’est fait ». Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Sonnant le glas de l’urgence d’agir, Ousmane Diagana propose une piste à suivre. Selon lui, « les recherches montrent aussi que la mise en place de réformes en faveur d’une croissance rapide, résiliente et inclusive est à la fois la meilleure forme d’adaptation climatique et la meilleure stratégie pour atteindre un développement durable ».
Il propose entre autres le renforcement de l’agriculture climato-intelligente pour assurer la sécurité alimentaire. Sur ce plan, la Banque mondiale a augmenté à 17,7 milliards de dollars son financement en vue de renforcer la production et la résilience des systèmes alimentaires, de faciliter les échanges commerciaux, de développer des chaînes de valeur inclusives et soutenir les ménages vulnérables ainsi que les producteurs grâce à l’agriculture intelligente en Afrique subsaharienne. Pour résoudre le problème de la flambée des prix des engrais, il prône une collaboration entre gouvernements et l’industries des engrais en vue d’un marché régional « transparent et efficient ».
Faire du capital naturel une richesse.
Ici, les pays africains devront s’atteler au développement forestier intelligent. Alors qu’avec l’appui de la Banque mondiale et ses partenaires, le Gabon et la République du Congo se sont déjà lancés dans la lutte contre la dégradation des terres, la participation des pays africains aux marchés du carbone sera déterminante pour lever des financements supplémentaires.
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Faire de l’adaptation climatique, la « nouvelle norme » en matière de développement. Sur ce dernier point, « les pays d’Afrique doivent investir dans l’adaptation climatique et s’engager sur la voie d’une croissance sobre en carbone pour promouvoir le développement durable ».