
Au vue de ce que l’économie classique a jusqu’ici créé ou favorisé, l’avènement de l’économie sociale et solidaire comme son nom l’indique semble être la porte de sortie pour les communautés africaines.
Tout à l’opposé de l’économie classique qui prône la recherche du gain personnel avec le recours à tous les moyens que cela implique, l’économie sociale et solidaire prône plutôt un fonctionnement collectif avec des gains réinvestis dans des actions ou activités bénéfiques à la communauté. Plus clairement, cette économie met un point d’honneur à la dignité, à l’épanouissement et au bien-être du travailleur, de l’homme. Avec toutes les péripéties qu’ils rencontrent, les promoteurs d’activités et d’entreprises qui fonctionnent avec le moteur de l’économie sociale et solidaire ont pour but l’entraide et la solidarité envers les communautés, la plupart du temps, marginalisées et laissées pour compte par le système.
Selon l’agence Anadolu, il y aurait environ 200.000 jeunes qui ont entrepris sur la base de cette nouvelle forme d’économie, avec seulement 5.000 qui sont formés pour y réussir au Togo.
Présents dans presque tous les domaines, ces jeunes agissent et aident le gouvernement dans le développement à la base, comme le confiait d’ailleurs la ministre togolaise du Développement à la base, Miriam De Souza à Sputnik France, cette économie est la « clé du développement à la base en Afrique ».
Partis à la rencontre de ces ambassadeurs de l’économie sociale et solidaire, nos confrères de l’agence Anadolu relatent les expériences de certains d’entre eux.
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Dans le domaine environnemental par exemple, le Togolais Bemah Gado a soulagé le joug de la gestion des déchets plastiques de sa commune Lomé, la capitale togolaise, qui peinait déjà en 2015 à gérer ces déchets en raison du manque de budget.
« Pour la petite histoire, en 2015 déjà, la mairie de Lomé estimait la production des déchets plastiques produits par les 1,7 millions d’habitants de la capitale, à plus de 31 000 tonnes par an. La mairie devrait alors dépenser 5 milliards de FCFA par an pour la gestion de ces déchets, mais n’en disposait que de 2 sur financement de l’État. Donc face à cette insuffisance, des quantités importantes de déchets plastiques se retrouvaient dans la nature avec ses conséquences sur l’environnement et sur la santé publique », Bemah Gado à l’agence Anadolu.
Avec son ONG « Sciences et technologies africaines pour un développement durable » (STADD) et son entreprise Green Industry Togo (GIP Togo) qu’il régit depuis 2016 sur la ligne de l’économie sociale et solidaire, le jeune entrepreneur est aujourd’hui en partenariat avec au moins dix communes pour des activités d’assainissement et emploie 60 personnes. La capacité de tri par an de son entreprise est de 1500 tonnes avec au moins 10 000 ménages qui sont engagés avec l’entreprise pour les opérations de tri et de recyclage des déchets plastiques. Cette année, sa structure a, dit-il, aidé le gouvernement à reboiser plus de 90 hectares de terres avec 95 000 plants mis en terre dans la région des savanes. La totalité ou une partie des gains de son entreprise est/sont investi au profit de sa communauté.
Tewou Kokou, rencontré aussi par l’agence Anadolu, intervient lui dans le domaine agricole. Son entreprise AVI SARL basée à Notsé, produit, transforme et commercialise des produits agricoles biologiques. Elle octroie des crédits agricoles, approvisionne en intrants et déploie des agronomes pour conseiller les producteurs depuis 2013. Pour cette campagne agricole, AVI SARL a déboursé 200 millions de francs pour soutenir 250 coopératives au plan national regroupant plus de 4000 producteurs. Tewou Kokou reconnait que sa structure fait des bénéfices sur ces financements mais au nom de cette économie sociale et solidaire, ils ne profite pas à lui seul mais aussi à la communauté.
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« Chaque début d’année scolaire, nous offrons des kits scolaires aux enfants des producteurs dans beaucoup de villages ainsi que des tables bancs aux écoles. AVI, dans son rôle de responsabilité sociétale, a ouvert un centre de désintoxication et de sevrage aux addicts à l’alcool, au tabac et aux drogues. Ce centre se trouve à Notsé et est à 90% subventionné par les bénéfices que nous réalisons sur les subventions. Nous formons également les femmes rurales sur des thématiques comme : la gestion de leur revenu, la transformation des matières cultivées ( le soja et le sorgho par exemple) et nous les aidons dans la recherche des marchés pour la vente de leurs produits agricoles ».
Si pour reprendre les mots de Bemah Gado, « ce modèle peut favoriser le développement du pays tout entier, s’il y a plus d’entreprises sociales engagées aux côtés de l’État pour le bien être des communautés », il faut bien tenir compte de l’avis de Thomas Koumou, économiste et président de l’association panafricaine ‘“Veille économique ».
Ce dernier voit en cette économie dite sociale et solidaire, non pas un moyen pour un « vrai développement en Afrique subsaharienne » mais « un outil complémentaire de lutte contre la pauvreté ».