Nadine Dossou Sakponou, « Non, les femmes ne sont pas nées pour être violentées »

Les violences faites aux femmes et aux enfants en Afrique et particulièrement au Bénin sont une réalité et un défi majeur à relever. En défense à la cause des femmes et des enfants victimes de violences de tout genre, la présidente de l’Association des femmes avocates du Bénin, Maître Nadine Dossou Sakponou, a répondu à notre invitation afin de répondre aux questions relatives aux différentes luttes contre lesdites formes de violences. Entretien.

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Que retenir sur l’Association des femmes avocates du Bénin, et  d’où est venue l’idée de sa création ? 

L’Association des femmes avocates du Bénin a été initiée par Maître Saizonou-Bedie Alexandrine Falilatou qui, au gré des audiences et souffrances constatées au Tribunal, a décidé qu’il serait important de créer une association qui défend le droit des femmes et des enfants. Car beaucoups de femmes et enfants sont victimes de violences. Ainsi fut créée l’association en 2013 sous autorisation du bâtonnier de l’ordre. 

Son objectif est de se mettre au service des femmes indigentes qui ne peuvent pas payer d’avocats, mais qui sont victimes de violences de tout genre ainsi que des enfants victimes de violences. 

Quelles sont les grandes réalisations de l’association à l’égard des enfants et plus précisément des femmes depuis son existence au Bénin ?

L’Association est actuellement à plus de 2000 défenses des femmes indigentes, victimes de violence et plus de 1000 enfants. Nous couvrons presque tout le Bénin en nous déployant sur plusieurs territoires au Nord et au Sud. 

Les parlementaires ont adopté la loi portant répression des infractions commises sur le genre. Cette loi vient-elle porter un coup de main à votre association?

En ce qui me concerne, on peut voter autant de lois qu’on veut. Ceci, vu que les lois permettent au juge de sévir en cas de non-respect. Cependant, que vaut la loi face à la culture ? La culture béninoise part du principe que quelque soit ce que vit la femme, elle doit rester en couple. Aujourd’hui encore, les parents même, lorsque leurs filles ont été objet de violence, les encouragent à retourner dans leur foyers. 

Ainsi, quelque soit la loi, si la culture ne change pas, si les gens ne comprennent pas que la vie de couple, ce n’est pas la domination de l’homme sur la femme, mais plutôt un partage réciproque d’amour, la loi serait sans force.  

Pour moi, le mariage reste la plus belle expérience de la vie. Deux personnes qui ne se connaissent pas et qui n’ont pas reçu les mêmes éducations mais qui décident de vivre ensemble ; c’est un véritable challenge qu’il faut relever au quotidien. Un challenge où doivent vivre la sagesse, la fusion entre couple. Ainsi, l’homme et la femme, malgré cette différence, doivent voir les choses dans la même direction. 

Je passe par ici pour féliciter quand même le législateur, car la loi permet de condamner les infractions. 

La difficulté que nous rencontrons, c’est qu’en tant qu’association, plusieurs femmes victimes de violences conjugales, une fois après avoir fait arrêter leur conjoint – bourreaux – demandent encore leur liberté. Ceci met à mal aussi bien le législateur que les associations. Car si les personnes victimes (aussi bien l’homme comme la femme) ne se lèvent pas pour accompagner les juges, les lois ne serviront à rien. 

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Concrètement, que faire lorsqu’on est victime ou qu’on vient d’être victime d’abus sexuel ou de violences conjugales ?

Je pense qu’il y a assez de tapage médiatique sur les différentes lois qui sont votées. Mais je pense que c’est plutôt un problème de culture qui demeure. Lorsque nous prenons l’exemple d’un enfant violé par son père, la mère le sait mais par peur de perdre le mari et donc le domicile conjugal, elle ne voudrait pas que cela se sache à cause d’une prétendue culture africaine. 

Voilà pourquoi je lance un appel aux hommes et aux femmes pour dire que nous ne sommes pas nés pour être violenté. L’être humain vient au monde pour connaître le bonheur, pour être dans la douceur. Donc, si vous êtes en face d’un prédateur quel qu’il soit, il ne faut pas se préoccuper de ce que les gens pensent, mais plutôt les dénoncer. Vous devez penser à votre sécurité. Beaucoup de femme meurent suite aux violences répétées et par manque de dénonciation. Face à la violence il faut dire non, quel qu’en soit ce que cela en coûte. 

Comment recourir aux services de votre association ?

L’Association des femmes avocates du Bénin tient une permanence tous les mercredis de 15h à 17h au tribunal de Cotonou. Une deuxième permanence se fait aussi à Abomey-Calavi tous les jeudis de 15h à 17h dans une des salles du tribunal. Nous recevons les victimes, nous les écoutons. Lorsque nous estimons qu’il y a lieu de médiation, nous invitons l’autre partie. Nous ne sommes donc pas là seulement pour aller au tribunal. Nous faisons beaucoup de médiation, nous réconcilions les couples, nous discutons avec les couples pour montrer que leur mariage reste la plus belle chose au monde.

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