{Dossier} Technologie : Le numérique au pas de l’éducation en Afrique

L’intégration de la technologie dans l’éducation est devenue un enjeu majeur pour l’Afrique, où la pandémie de COVID-19 a accéléré la transition vers l’apprentissage numérique. Cet article explore les défis et les opportunités que représente cette évolution pour le continent, en s’appuyant sur des exemples concrets et des sources crédibles.

Malgré une progression notable, l’accès à l’éducation technologique en Afrique reste inégal. Certains pays, comme le Kenya, le Rwanda et le Bénin, ont fait des avancées significatives en intégrant les TIC dans leurs curriculums scolaires. Par exemple, le Kenya a lancé en 2016 le projet Digital Literacy Programme, qui vise à fournir des tablettes numériques à plus d’un million d’élèves du primaire. Le Rwanda, quant à lui, a mis en place le programme Smart Classrooms, qui équipe les écoles de matériel informatique et de logiciels éducatifs. 

Quant au Bénin, a lancé en 2020 l’ les dirigeants ont lancé l’École des métiers du numérique, qui vise à former des jeunes aux compétences numériques et à favoriser leur insertion professionnelle. Le Bénin dispose également de plusieurs universités qui offrent des formations de qualité dans le domaine du numérique, telles que l’Université des sciences et technologies du Bénin, l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest ou l’Institut Universitaire du Bénin.

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Cependant, la majorité des étudiants africains n’ont pas encore accès à ces outils essentiels. Selon le rapport de l’UNESCO, seuls 18% des élèves du primaire et 22% des élèves du secondaire en Afrique subsaharienne disposent d’un ordinateur à l’école. De même, seulement 21% des écoles du primaire et 28% des écoles du secondaire ont accès à Internet. Ces chiffres sont nettement inférieurs à la moyenne mondiale, qui est de 65% pour les ordinateurs et de 56% pour Internet.

Défis rencontrés

Les obstacles à une éducation technologique efficace en Afrique sont nombreux. Les problèmes d’infrastructure, tels que le manque de connectivité Internet et d’électricité, limitent l’accès aux ressources numériques. Par exemple, au Niger, seulement 2% de la population dispose d’une connexion Internet, et moins de 20% des ménages ont accès à l’électricité. Ces contraintes rendent difficile la mise en œuvre de l’enseignement à distance, qui a été adopté par de nombreux pays africains pour faire face à la fermeture des écoles due à la pandémie.

De plus, le manque de formation des enseignants aux nouvelles technologies entrave l’adoption de méthodes d’enseignement innovantes. Selon le rapport de l’UNICEF, seulement 64% des enseignants en Afrique subsaharienne ont reçu une formation aux TIC. De plus, moins de la moitié d’entre eux les utilisent régulièrement dans leur pratique pédagogique. Ce déficit de compétences numériques affecte la qualité de l’éducation et la motivation des élèves.

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Les disparités entre les zones urbaines et rurales exacerbent ces inégalités d’accès. Les écoles situées dans les zones rurales sont souvent moins équipées et moins connectées que celles situées dans les zones urbaines. Par exemple, au Sénégal, le taux de pénétration d’Internet est de 75% dans la région de Dakar, contre 25% dans la région de Kédougou. Ces écarts géographiques créent un fossé numérique entre les élèves, qui peut avoir des conséquences sur leur réussite scolaire et leur insertion professionnelle.

Avantages résultant des avancées technologiques

En dépit des défis, la technologie présente des perspectives prometteuses pour l’éducation en Afrique. En effet, elle permet de personnaliser l’apprentissage et de rendre l’éducation plus accessible grâce à l’enseignement à distance. Des startups africaines, telles que Ubongo et Eneza Education, développent des solutions éducatives adaptées aux réalités locales, contribuant ainsi à transformer le paysage éducatif du continent.

Ubongo est une entreprise sociale basée en Tanzanie, qui utilise la télévision, la radio et le mobile pour diffuser des contenus éducatifs ludiques et interactifs à des millions d’enfants africains. Ses émissions, telles que Akili and Me et Ubongo Kids, abordent des thèmes variés, tels que les mathématiques, les sciences, la lecture, la santé ou les valeurs civiques. Les enfants peuvent également interagir avec les personnages via des SMS ou des appels gratuits, et recevoir des feedbacks personnalisés. 

Selon une étude menée par l’Université de Georgetown, les enfants qui regardent Ubongo ont amélioré leurs compétences en mathématiques et en lecture de 12% et 26% respectivement, par rapport aux enfants qui ne regardent pas.

Eneza Education, quant à elle, est une plateforme d’apprentissage mobile basée au Kenya, qui permet aux élèves d’accéder à des cours, des quiz, des conseils et des mentors via leur téléphone portable. La plateforme couvre les programmes scolaires du Kenya, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et de la Tanzanie, du primaire au secondaire. Elle propose également des contenus adaptés aux besoins des élèves, tels que des cours de rattrapage, des révisions ou des préparations aux examens. 

Selon une étude menée par le MIT, les élèves qui utilisent Eneza ont amélioré leurs résultats scolaires de 22% en moyenne, par rapport aux élèves qui ne l’utilisent pas.

De toute évidence, l’impact de la technologie sur l’éducation en Afrique est indéniable. Pour maximiser ses bénéfices, il est crucial que les décideurs politiques et les acteurs du secteur privé s’engagent à résoudre les problèmes d’infrastructure. De même, promouvoir l’égalité d’accès à l’éducation doit être une priorité. En surmontant ces défis, l’Afrique peut saisir pleinement les opportunités offertes par la technologie pour façonner l’avenir de son éducation.

Perspectives futures

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence la nécessité et l’urgence de renforcer l’éducation technologique en Afrique. Elle a également ouvert de nouvelles possibilités pour l’innovation et la collaboration. Parmi les évolutions en cours, on peut observer l’utilisation de l’intelligence artificielle pour personnaliser l’apprentissage, analyser les données et optimiser les ressources. Par exemple, la startup sud-africaine Xhuma utilise l’IA pour créer des parcours d’apprentissage personnalisés pour les élèves, en fonction de leur niveau, de leur style et de leurs objectifs.

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L’utilisation de la réalité virtuelle et augmentée pour enrichir l’expérience d’apprentissage, stimuler l’engagement et favoriser l’immersion. Par exemple, la startup kényane E-Lab utilise la VR et la AR pour créer des simulations interactives dans des domaines tels que la biologie, la chimie ou la physique.

Le développement de partenariats entre les gouvernements, les organisations internationales, les entreprises privées et la société civile pour améliorer la connectivité Internet et fournir une formation aux enseignants. Par exemple, le projet GIGA est une initiative conjointe de l’UNICEF et de l’UIT, qui vise à connecter toutes les écoles du monde à Internet d’ici 2030.

Ces exemples montrent que la technologie éducative en Afrique est en pleine expansion et en constante évolution. Il est donc essentiel de suivre ces développements et de les soutenir, afin de garantir une éducation de qualité et inclusive pour tous les enfants africains.

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