Je suis de ceux qui pensent que chacun est libre de ses choix de vie. Que les hommes soient libres de se marier ou non, libres d’être avec une femme ou plusieurs, ou encore libres de faire des enfants ou non et que les femmes puissent en faire de même.
Depuis un moment, le débat devient de plus en plus insistant sur la probabilité d’un retour à un régime matrimonial polygamique, c’est-à-dire, un mariage légal à plusieurs. Il faut le rappeler qu’au Bénin le mariage est célébré entre un homme et une femme – article 123 du code des personnes et de la famille – ainsi donc, le mariage entre les individus de même sexe est proscrit.
Cette précision ainsi faite, nous devons aussi faire constater que depuis l’avènement du code des personnes et de la famille de 2002 qui institue le mariage monogamique comme seul régime légal au Bénin. Cela n’a jamais empêché certains hommes de se mettre en couple avec plusieurs femmes et avoir des enfants de plusieurs lits d’autant plus que cet état de chose n’est pas une infraction. Mais ce qui est fondamental comme préoccupation est de savoir si les hommes qui aspirent au mariage à plusieurs ont les ressources nécessaires pour cela. Ces dernières, qu’elles soient financières, matérielles ou émotionnelles voire psychologiques, méritent toutes de passer au peigne fin.
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Ces hommes ont-ils vraiment la capacité de diriger leur maison avec la sagesse et maturité que cela requiert ? Ont-ils la capacité d’élever et de prendre convenablement soins des enfants qui sont issus de ces unions ? Car, l’enfant a des droits et le Code de l’enfant nous renseigne suffisamment sur ce que sont les droits des enfants. Que ceux qui se remémorent le passé glorieux du régime polygamique légal (sont encore pendante devant nos juridictions des affaires concernant le mariage polygamique car la loi de 2002 n’est pas rétroactive) doivent pouvoir répondre en toute objectivité à ces questions posées un peu plus haut avant de se lancer dans un projet de mariage à plusieurs.
Le désir de “collectionner” beaucoup de femmes ne peut être le seul mobile, l’envie d’être avec plusieurs femmes ne peut vous donner droit de créer des familles à tout coin de rue et pour finir, votre irresponsabilité ne peut justifier votre situation de polygame par accident.
L’avènement de la loi N° 2002 -07 portant code de personnes et de la famille en République du Bénin a été le fruit des années de lutte pour l’amélioration de la condition féminine au Bénin. Pour les pionnières de cette lutte (Me Hugette Bopè Gnancadja, Me Marie Elyse Gbèdo, la regrettée Conceptia Houinsou et bien d’autres …), elles ont toujours considéré dégradant pour la femme le ménage à plusieurs car souvent à l’origine des violences basées sur le genre. Et depuis elles n’ont cessé de travailler à lutter contre toute forme de violence exercée sur la femme.
Vingt années sont passées dans l’application de cette loi, une loi que les hommes considèrent comme une loi qui va à l’encontre des intérêts de la femme elle-même car cela a fait naître dans la société un dysfonctionnement. Beaucoup de femmes en âge de se marier restent célibataires car toutes désirent un foyer à deux. Et la rhétorique selon laquelle les femmes sont plus nombreuses que les hommes donc en prendre deux, trois, cinq et plus n’est que service rendu aux femmes et à la nation donne désormais matière à réfléchir.
Susciter le retour à un régime polygamique reste légitime mais est-ce la solution ? Les juristes le considèreront comme un pas en arrière pour la femme. Les féministes reprendront leur bâton de pèlerin pour revendiquer plus de droits à l’égalité. Ce qui est certain, la société béninoise n’est pas figée, elle évolue et des changements s’opèrent car tout système humain est mouvant.
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Pour ma part, ce qui engage l’avenir d’une société doit faire objet de débat sérieux, de réflexions approfondies afin qu’ensemble, nous puissions opérer les mutations nécessaires pour le bien-être individuel et collectif.
Je ne suis ni contre la polygamie, ni pour la monogamie, je suis pour les mariages dans lesquels chaque partenaire se sent heureux et épanouis et où les enfants y trouvent un cadre adapté à leur plein accroissement.
