[Entretien] Me Saïzonou-Bédié : « Il faut dénoncer et punir pour faire reculer les viols »

Malgré les dispositions juridiques, les cas de viol sur mineurs deviennent récurrents dans tous les départements du pays. Souvent passé sous silence dans les familles, le phénomène décrié à l’avènement de réseaux sociaux, interpelle chacun et tous. Me Alexandrine Saïzonou-Bédié, avocate au barreau du Bénin, appelle à la dénonciation et à la solidarité autour des victimes. 

« Le combat contre les viols devenus récurrents, en dépit des dénonciations, passera non seulement par la  sensibilisation, l’éducation mais aussi et surtout par la punition sans complaisance des auteurs et complices », préconise Me Alexandrine Saïzonou-Bédié, avocate au barreau du Bénin. Rien ne Justifie le viol. « Quand vous voyez une femme qui vous plaît, parlez-lui ! Si elle accepte dès lors qu’elle a plus de 18 ans tant mieux. Mais de grâce, ne vous en prenez pas aux enfants ! », souligne-t-elle. « Qu’on laisse grandir nos enfants parce que c’est sur les enfants de plus en plus jeunes que cela se passe ! », plaide l’avocate.

C’est à croire que les hommes ont peur d’aller vers les adultes et s’en prennent aux enfants qui sont sans défense, déplore-t-elle ». « Il y a une culture du viol qui se développe et plus on dénonce la chose, plus les gens s’y adonnent et c’est là l’inquiétude », se désole Me Saïzonou-Bédié.

Le viol au plan juridique désigne tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature que ce soit commis sur la personne d’autrui sans sa volonté notamment par violence, contrainte, menace ou supplice. Quel qu’il soit (pénétration orale, vaginale ou anale) et par quelque moyen que ce soit (pénis, doigts, objets etc.), le viol est un crime grave puni par la loi. 

A (re) lire : Plus de 69% des femmes victimes de violences de tout genre au Bénin

Dans les affaires de viol, tout élément pouvant servir de preuve est très important. C’est pourquoi les minutes qui suivent l’acte, la victime doit se rendre dans un centre de santé pour faire constater le crime par un médecin, recommande l’ancienne présidente de l’Association des femmes avocates du Bénin.  

[penci_blockquote style= »style-2″ align= »none » author= »Me Alexandrine Saïzonou-Bédié, avocate béninoise » font_weight= »bold » font_style= »italic »]Ce qu’il faut faire en cas de viol; c’est d’abord de rassurer la victime.  Ensuite, garder tous les objets souillés. Ça peut être la culotte ou la chemise qui ont été déchirées.  Ces objets peuvent contenir des traces de sperme, de sang ou tout autre liquide que le médecin pourra constater. Surtout éviter de faire sa toilette intime. Il est également important de se confier à quelqu’un rapidement et se rendre au poste de police ou dans un  Centre de Promotion Sociale (CPS) pour dénoncer[/penci_blockquote]

Tolérance zéro au viol, c’est le souhait de la présidente d’honneur de l’Association des femmes avocates du Bénin. « Il faut que les langues se délient,  que les gens ne se taisent pas face à une situation de viol », encourage-t-elle. « Chacun de nous doit être vigilant ; observer autour de lui, dénoncer et venir en aide à quelqu’un qui souffre dans son corps.», martèle-t-elle.

L’intégralité de l’entretien en audio :

L’article 553 nouveau de la loi portant répression des infractions commises à raison du sexe, des personnes et de protection de la femme en République du Bénin, dispose que le viol est puni de la réclusion criminelle de 5 ans à 10 ans et d’une amende de 500 000 francs à 2 000 000 de francs CFA.  La réclusion criminelle est portée de 10 ans à 20 ans et d’une amende d’un millions  à 5 millions de francs CFA, si le viol est le fait d’un ascendant légitime naturel ou adoptif de la victime ou d’une personne ayant autorité sur elle ou encore une personne qui a abusé de l’autorité qui lui confère cette sanction. Quand l’enfant a moins de 13 ans, c’est la perpétuité car le viol est un crime. Le viol quand il est commis sur les enfants de moins de 13 ans est de la compétence de la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET), informe l’avocate. 

A (re) lire : Bénin : De la nécessité de sévir et de combattre le viol à la racine

Au-delà des auteurs, toutes les personnes ayant eu connaissance du viol et qui ne l’ont pas dénoncé sont aussi passibles de sanction. Elles seront poursuivies pour non-assistance à personne en danger, complicité ou abandon d’un enfant en détresse. Il est de même pour les citoyens qui s’exercent à la banalisation du viol sur les réseaux sociaux. À eux, sera appliquée la loi sur le Code du numérique en vigueur au Bénin. 

IMPORTANT

Vous êtes journaliste ou acteur des médias; vous vivez dans l’un des pays africains ou vous travaillez pour un média basé sur le continent africain;  nous vous invitons à participer à ce sondage de Sunvi Média Communication. 

Remplissez juste ce formulaire. Cela ne vous prendra que quelques minutes.

Donnez-nous votre avis

En savoir plus sur SUNVI MEDIA

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading