10 ans de chemin aux côtés des femmes et enfants en conflit avec la loi au Bénin. 10 ans de lutte pour la promotion des droits de la femme et des enfants. Dix ans d’engagement et de travail sacerdotal. Les membres de l’association des femmes avocates du Bénin (AFA-B), 10 ans après, ont fait le bilan.
« Le chemin à été périlleux, mais nous avons tenu ferme. Nous avons tenu pour la satisfaction juridique et judiciaire des femmes et enfants en conflit avec la loi au Bénin. Nous avons tenu malgré les insultes, les menaces et les qualificatifs qu’on nous attribue. Et nous allons encore tenir ». Ce sont, en substances, les mots introductifs de la fondatrice et désormais présidente d’honneur de l’association des femmes avocates du Bénin, maître Alexandrine Saïzonou Bedié lors de la cérémonie anniversaire des dix ans de AFA-B ce 25 mars 2023. Plus que déterminées, les femmes avocates du Bénin se sont engagées, 10 ans après, pour poursuivre le combat au profit de ces couches sociales.
En dix ans, l’AFA-B se réjouit du chemin parcouru surtout pour avoir tenu malgré le regard de la société et surtout celui de leurs collègues hommes tant au niveau des prétoires lors des audiences qu’au sein du barreau. Mais aujourd’hui, souligne la présidente d’honneur, le bilan des efforts réconfortent l’association qui a désormais plus de raisons de poursuivre sur le même chemin. « A la date d’aujourd’hui (25 mars 2023 NDLR), L’AFA-B a connu et traité plus de 4 200 cas de victimes d’actes divers, plus de 3 700 consultations, près de 1 200 cas de viols, 1 872 cas d’atteinte sexuelle, 521 cas de mariages forcés et 644 cas d’agression sexuelle sur mineur », a énumèré la présidente d’honneur, Alexandrine Saïzonou Bedié en guise de bilan sommaire des activites de l’AFA-B au cours de ses dix ans d’existence.
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Pour maître Nadine Dossou Sakponou, présidente en exercice de AFA-B, « si avoir un chapeau (avoir un mari NDLR) passe par les coups, les humiliations domestiques, économiques, patrimoniales, physiques, psychologiques et /ou morale, alors, ayez le courage de lui dire de revenir à la maison et de ne pas s’occuper du regard des autres ».
Maryam est mariée, battue, humiliée économiquement, psychologiquement ou moralement et violée constamment par son époux. Elle informe sa famille et ses amis. Non Maryam, tu dois avoir un chapeau. Essaye de tenir. C’est important d’avoir un chapeau. Jessica, avocate camerounaise a été battue et est décédée en laissant deux enfants mineurs parce qu’il lui fallait à tout prix un chapeau. Comment dire que son chapeau la battait alors qu’elle était avocate ? Bintou a 9 ans, elle vient d’avoir ses premières règles. Ses parents lui ont trouvé un mari parce qu’elle doit avoir la deuxième menstruation chez un mari, qui doit être riche ou avoir un peu les moyens et, par conséquent, bien sûr, plus vieux qu’elle. A 15 ans, elle a déjà deux enfants. Elle ne peut se plaindre, elle doit avoir un chapeau. C’est important. C’est la culture.
Des cas sont légions et rien que pour ça, il fallait créer AFA-B si elle n’existait pas afin de voler au secours des personnes qui, pour la plupart, n’ont pas l’information juridique nécessaire et d’autres part, les moyens de s’adresser aux juridictions pour faire payer leurs bourreaux.
Nous aurions beau avoir une belle association des femmes avocates du Bénin, clame maître Nadine Dossou Sakponou, mais nous n’aurions rien fait si nous ne travaillions pas notre regard, notre critique sur les femmes célibataires qui ont pris la responsabilité de leur vie.
Je sors meurtrie et je souffre dans ma chair et dans mon âme après les permanences de l’AFA-B parce que j’entends des femmes victimes de violences basées sur le genre, mais qui ne veulent ou ne peuvent pas partir parce qu’il faut le chapeau ou des raisons économiques. Aujourd’hui AFA-B a 10 ans et en ma qualité de Présidente, femme, prend ta responsabilité et sois fiere de dire stop. Aucune femme ne merite qu’on la traite comme de la merde encore moins d’être battue. Nadine Dossou Sakponou, présidente AFA-B.
Au cours de cette cérémonie anniversaire, L’AFA-B a plaidé pour une meilleure articulation des textes relatifs aux enfants, le regroupement de ces textes relatifs à l’enfant, la vulgarisation desdites textes et la spécialisation des Organisations de la société civile (OSC) et des ONG pour plus de combats au profits des femmes et des enfants.
Ce que fait l’association des femmes avocates du Bénin
L’association des femmes avocates du Bénin (AFA-B) est enregistrée au Bénin le 28 mai 2013 en tant qu’organisation non gouvernementale. Elle a pour mission de promouvoir le droit, l’éthique et la protection de la femme et de l’enfant. Elle est composée des femmes avocates du barreau du Bénin qui ont pour vocation d’œuvrer pour la justice égale pour tous et accessible à tous.
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Les objectifs de L’AFA-B ont trait à la défense de l’éthique dans les professions libérales, la promotion des droits humains et plus particulièrement les droits des femmes et de l’enfant, la mise en œuvre du cadre juridique ainsi qu’au fonctionnement effectif des mécanismes institutionnels de protection des droits des femmes et de l’enfant et la réalisation d’une veille citoyenne au sujet des objectifs de l’association.
L’AFA-B est ouverte à toutes les femmes avocates régulièrement inscrites au barreau du Bénin et qui désirent mener ce combat au profit des femmes et de l’enfant.
