Carmen Badet :  » Aujourd’hui, ma sécurité est menacée parce que je veux voir mes enfants »

Divorcée il y a quelques mois, Carmen Badet dit vouloir craindre sa sécurité après surtout les formes de violences que son désormais ex époux lui a fait subir. Face à cette campagne médiatique de dénigrement dont elle fait l’objet depuis quelques temps, Carmen Badet, comptable de formation, s’est confiée à notre rédaction en donnant les raisons de sa lettre ouverte au Chef de l’Etat, Patrice Talon. Entretien.

[penci_related_posts dis_pview= »no » dis_pdate= »yes » title= »Sélection Sunvi Média » background= » » border= » » thumbright= »no » number= »4″ style= »grid » align= »none » withids= » » displayby= »cat » orderby= »rand »]

Votre divorce est aujourd’hui sur la toile et semble faire le buzz depuis peu. Que peut-on comprendre de cette vie conjugale désormais sur la place publique?

Mon calavaire a débuté le jour où mon mari a installé, dans notre domicile conjugal, sa maîtresse et son beau-frère. Ainsi, il me demande chaque fois de quitter son domicile afin de faire place à cette maîtresse et leur nouveau-né. Ce à quoi je me suis interposée parce que vu l’amour que j’ai pour mes enfants, je ne veux pas me séparer d’eux. J’ai vraiment insisté sur le fait de ne pas abandonner mes enfants, mais au fil du temps, vu les violences tant psychologiques que physiques, j’ai développé des problèmes de mal du cœur où on m’a interdit de ne plus rester seule enfermée dans la chambre puisque c’était mon quotidien (m’enfermer dans la chambre à pleurer). Mes journées étaient uniquement consacrées aux pleurs.
Un soir, après avoir quitté l’hôpital, j’avais l’esprit vraiment chargé de pensées. Je me suis donc permise d’aller à la plage pour faire le vide des pensées qui me hantaient. Au moment de rentrer chez moi, je me dirigeais vers mon véhicule quand six grands hommes se sont présentés devant moi en compagnie de mon mari. Aussitôt, ils ont commencé par crier « oooh voleur, oooh voleur » derrière un monsieur que je ne connaissais même pas, ni d’Adam, ni de Ève. Mon mari soutenait devant la foule que le monsieur jouait aux amourettes avec moi, qu’on s’embrassait et que ce dernier tenait des rapports sexuels avec moi sur la plage. Il a fait un tout un bruit à la plage en me traitant d’adultère. Une fois de retour à la maison, il m’a empêché de rentrer. Je suis restée au portail de 21h jusqu’à 00h. J’ai dû faire appel à un huissier pour faire le constat avant que je ne retourne chez mes parents.

A (re) lire : Bénin – Interpellation d’un avocat : L’ordre des avocats confronte le procureur spécial de la CRIET

Le lendemain, je suis revenu dans l’espoir de rentrer dans la maison de mon mari, mais impossible. Depuis le portail, je voyais mes enfants qui pleuraient du fait qu’ils ne pouvaient pas se rapprocher de moi. Mon mari et les agents de sécurité m’ont brutalisé quand je forçais le passage pour m’interdire l’accès à la maison. Il a fait appel à la police qui m’a embarqué au poste de police. Au commissariat, un monsieur a appelé et a dit qu’il était le procureur. Celui-ci m’annonce que je dois suivre la procédure et que je devrais me présenter au tribunal le dimanche. Aller au tribunal un dimanche, cela me paraissait bien bizarre. Pendant ce temps, j’ai été mise au violon. Je n’ai plus droit de partir et j’ai dû faire appel à mes parents qui se sont précipités pour trouver un avocat afin que je puisse être libérée. C’était maître Ahoumenou Enagnon Michel, à qui je dis merci, car grâce à lui, j’ai été libérée. C’est suite à ces faits que j’ai demandé le divorce pour me libérer de ce joug dans lequel je vis.
Le divorce a été prononcé le 30 août 2021. Le juge a octroyé la garde des enfants à mon mari sur décision que je devrais voir mes enfants par quinzaine les week-ends avec 2 heures du temps à passer auprès d’eux tous les mercredis. Cette décision n’a jamais été respectée jusqu’à présent même après avoir déclaré en audience que je ne vois pas mes enfants comme prévu. Un appel qui n’a jamais été pris en considération.

Mère de 4 enfants avec votre ex-époux Christian Koudamiro, vous avez adressé une lettre au Président de la République Patrice Talon pour dénoncer une injustice. Pourquoi une telle lettre sous cette forme ouverte ?

Effectivement j’ai lancé un appel au secours à l’encontre du Chef de l’Etat Patrice Talon. Si je l’ai fait, c’est parce que je ne sais plus à quel saint se vouer pour se faire entendre et être délivrée. En réalité, je fais depuis plusieurs années, objet de toute sorte de violences conjugales dans la maison du père de mes enfants. Tout d’abord, mon mari, à l’époque, a nommé sa maîtresse et son beau-frère respectivement secrétaire et protocole dans la maison. Ma vie est devenue un cauchemar puisque je suis, au regard du père de mes enfants, une persona non grata dans notre maison conjugale. Malgré la décision du juge, mon ex mari n’a jamais daigné l’exécuter et me prive ainsi le droit de voir mes enfants un weekend par quinzaine et les mecredis. C’est donc la raison pour laquelle j’ai adressé cette lettre ouverte au Président Patrice Talon afin qu’il intervienne, en tant que premier magistrat du pays, pour que je puisse voir mes enfants. Tout ce que je veux, c’est être autorisée à voir mes enfants comme le mentionne la décision du juge N°342/AUD/DP/2021 du 30 août 2021.

A (re) lire : Bénin – Loi sur l’hygiène publique : Quand les députés jouent à la « nonchalance »
En écrivant cette lettre ouverte au Chef de l’Etat, c’est que vous pensez qu’il viendra à votre secours alors qu’il a un Institut national pour la femme. Pourquoi ne vous êtes-vous pas tournée vers cet institut ?

Oui, c’est vrai je l’ai fait. Avant ma lettre ouverte, je me suis tournée non seulement vers cet institut national de la femme, mais également vers d’autres Organisations non gouvernementales (ONG) qui pourront s’occuper de mon cas. Parmi ces ONG, celle dénommée CALVIf qui m’a envoyé vers l’Association des femmes avocats du Bénin où j’ai rencontré maître Nadine Dossou Sakponou que je remercie infiniment. Je reste persuadée que l’Institut national pour la femme mène les démarches nécessaires pour une étude satisfaisante de mon cas. Je reste donc confiante. Mais malgré cela, il fallait me faire entendre, d’où cette lettre ouverte au Chef de l’Etat.

Dans votre lettre, vous avez évoqué que votre mari et la justice béninoise sont en conivence pour vous priver de vos droits. Sur quoi vous basez-vous pour une telle affirmation ?

Il me l’a avoué à plusiseurs reprises. C’est comme un hymne qu’il me chante tous les jours. Il me dit qu’il a une forte connaissance au sein de la justice. Moi, je ne voudrais pas m’atarder sur cela, tout mon souhait est de voir mes quatre enfants. Ceci parce que jusqu’à l’instant où je vous parle, aucune décision de la justice sur la visite à mes enfants n’a été respectée. Cela fait plusieurs mois que j’ai vu mes enfants. Je n’ai même pas de leur nouvelle alors que la benjamine n’a que 2 ans.

Avez-vous une adresse particulière à l’endroit de la justice et les institutions de la République ?

C’est mon cri du cœur. Je demande à tous ceux qui peuvent me venir en aide de le faire. J’ai vraiment besoin du soutien surtout que les réseaux sociaux s’en sont mêlés. Je pleure et je m’inquiète pour le moral de mes enfants qui n’ont jamais demandé un tel traitement et une telle vie de parents separés car ils sont encore si petits. Je souffre énormément et je suis certaine que mes quatre enfants souffrent également. Ils ne s’étaient jamais séparés de moi. On était tout le temps ensemble. Il serait difficile pour eux puisque leur père n’a jamais été présent. Donc les enfants étaient habitués à moi.

A (re) lire : Bénin – Homosexualité : Des transgenres à la quête d’identité

Aujourd’hui, ma sécurité est aussi menacée. Chaque jour, je reçois des appels de menace de mort. Ils disent qu’ils vont m’assassiner si je ne laisse pas tomber. J’ai même porté plainte à la brigade de cybercriminalité contre x. Les enquêtes sont en cours et j’espère bien une bonne suite.

Propos recueillis et transcrit par Jean-Louis H.

Donnez-nous votre avis

En savoir plus sur SUNVI MEDIA

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading