Chronique de Nelie : Libérez vos mamans !

En se référant au code coutumier du Dahomey, le mariage à plusieurs était légal. Jusqu’à l’apparition en 2004 du nouveau Code des Personnes de la Famille, les hommes pouvaient se marier avec plusieurs femmes. C’était le principe, mais il y en avait qui ont fait le choix du mariage monogamique conformément à leur foi chrétienne. Mais certains souffrent aujourd’hui le martyr.

Il m’a toujours plu de m’asseoir en compagnie des personnes du troisième âge, j’en ai beaucoup pour amis et des deux sexes. Je suis une habituée des arbres à palabre pour les écouter raconter les exploits de leur vie passée, de ce qu’a été leur parcours académique et professionnel. Eux qui, pour certains, ont fait l’école coloniale, bénéficié des bourses d’étude, sont revenus servir dans l’administration de leur pays. Témoins de l’histoire politique de notre pays et parfois acteurs, j’ai toujours du plaisir à être en leur compagnie chaque fois que j’en ai l’occasion.

Glorieuse a été leur vie avec parfois quelques regrets

Ma déformation professionnelle fait que je leur pose un certain nombre de questions. Avec les anciens, vous avez la compréhension de certains événements. Ils sont des bibliothèques assis. Ils vous parlent de la polygamie, comment c’est compris  et vécus en leur temps puisqu’ils sont issus tous d’une famille polygame.

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Avec eux, je suis sans tabou, j’aborde des sujets comme la menstruation, la dot, le divorce et plein d’autres. En leur compagnie j’ai compris qu’ils ne sont pas tous heureux au soir de leur vie. En discutant avec eux,  j’essaie de comprendre leur peine.

Comment vivent-ils leur sexualité ? Pour les femmes, c’est de notoriété que dès qu’elle arrive à la ménopause, ça devient compliqué. Ce qui n’est pas le cas chez les hommes, actif ils seront sexuellement jusqu’à la fin de leurs jours sauf en cas de maladie.

Comment gèrent-ils la maison ? Après soixante-dix ans sur terre, comment vivent-ils ? Ont-ils encore des rêves ? Voici ce que je retiens de leur vie.

Les femmes s’en sortent généralement mieux que les hommes.

Dès que les enfants du couple commencent par faire des enfants à leur tour, maman n’est plus disponible. Elle doit aller s’occuper du nouveau-né et de sa maman, c’est partir pour trois voire six mois d’absence au domicile familiale.

A peine elle revient aux côtés de son mari que sa bru a accouché. Elle repart cette fois-ci pour plus de six mois. Dans ses aller et retour, il y a un monsieur qui se sent complètement délaissé, car les hommes resteront des ‘gros bébés’ jusqu’à la fin des temps.

Mieux, mémé se verra gratifier d’un voyage pour rejoindre ses enfants à l’extérieur pour quelques semaines ou mois. Mais elle restera finalement pour  des années laissant le vieux – son mari – seul.

Ainsi, le patriarche se retrouve seul et rongé par la solitude. Même s’il se retrouve en compagnie de ses congénères pendant un moment de la journée, il se retrouve, la plupart du temps, seul. Une sollicitude lui pèse de plus en plus depuis qu’il est devenu célibataire de circonstance.

Sa femme, cette belle jeune fille qui est devenue son compagnon de vie, la mère de ses enfants n’est plus à ses cotés, pas parce qu’ils ont divorcé, mais parce qu’elle préfère vivre désormais avec ses enfants et petits enfants.

Le patriarche souffre seul. Il est rongé par la douleur. Difficilement, il se nourrit car personne à côté pour lui faire à manger et prendre soin de lui, difficile pour lui de trouver quelqu’un pour faire ses courses etc.

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Oui, nos papas meurent de solitude parce que les  enfants ont choisi délibérément de leur arracher leur femme et pourtant ils se sont promis, ils ont même juré de passer toute leur vie ensemble.

Les papas ont aussi le droit de se sentir épanouis et heureux au soir de leur vie. L’argent qu’envoient les enfants ne résout pas tout, papa veut sa femme.

Libérez sa femme, papa veut passer ses dernières années terrestres assis aux côtés de sa chère et tendre épouse, sur la véranda et se remémorer leurs bons vieux temps passés à deux.  

Les enfants, papa a besoin de sa femme. Libérez vos mamans pour qu’elles rentrent chez leur mari, leur maison, leur foyer.

C’est gentil de les faire voyager, mais libérez-les vite pour qu’elles retrouvent  leur foyer qu’elles ont bâti toute leur vie.

Ne laissons pas mourir nos papas de solitude!

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