Chronique de Nelie: Jeunesse perdue, la part de responsabilité des adultes?

« Plus de  mille  cinq cent Cybercriminels dans nos prisons », évoquait  le Procureur Spécial de la CRIET dans un magazine diffusé sur la télévision nationale dans le cadre de la lutte, au Bénin, contre la cybercriminalité. Et depuis le nombre n’a cessé d’augmenter.

Faites un tour dans nos tribunaux pour voir le nombre de dossiers de cybercriminels reçus lors des audiences de flagrants délits pour abus de confiance; escroquerie et vol. Chaque jour, le nombre devient de plus en plus impressionnant.

Que nous est-il arrivé dans notre société ?

Une société qui perd de plus en plus ses valeurs d’amitié, de confiance, de responsabilité et de partage. Qui est coupable de cette indécence dans laquelle notre société végète ? Qui n’a pas joué convenablement son rôle dans la chaîne d’éducation et de socialisation des enfants devenus adultes ? Les parents ? Les enseignants ? La communauté ?

Des filles de plus en plus  dans les rues pour se prostituer, d’autres sur Méta (Facebook)  faisant semblant d’une vente en ligne.

Qu’avons-nous fait de nos enfants ? Avions-nous joué pleinement notre rôle de parent, d’éducateur ? 

Si oui, que s’est-il alors passé pour que des enfants soient perdus de cette façon? 

Bien que beaucoup aient été à l’école, d’autres ont pu finir le cursus scolaire et pourtant,  ils se livrent à des activités qu’on pourrait qualifier de malsaines. Ont-ils eu le choix ?

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Je veux que nous nous posions les vraies questions et que nous situions les responsabilités.

Des pères qui ont abandonné leur petite famille pour aller en créer une autre en laissant seule la mère face aux charges des enfants ; ils ont oublié que ces enfants doivent s’instruire et être éduqués. Des mères parties pour rejoindre un nouveau mari qui n’accepte pas les enfants dans son foyer et voilà le père seul face aux réalités de l’éducation des enfants.

Dans les deux cas, chacun aura essayé mais il manquera une figure parentale que  la mauvaise compagnie et la télévision et autres remplaceront.

L’École qui est censée être le relai dans l’éducation des enfants a cessé de l’être depuis que le Ministère de l’Education n’existe plus au Bénin. Il ne reste que de l’École, l’enseignement.

Et en parlant de l’enseignement,  se déroule-t-il dans de bonnes conditions pour assurer une bonne formation des apprenants ?  

Les curricula de formation sont-ils réellement en adéquation avec le marché de l’emploi ?

Chaque année, des milliers de diplômés sont déversés sur le marché sans grande possibilité d’absorption. Que deviennent-ils par la suite ?

Avec ce tableau, ne soyons pas surpris de ce qui nous arrive au Bénin depuis peu.

Avions-nous vraiment faire le nécessaire pour ces jeunes gens que la société montre du doigt ? Ne vous étonnez  pas de voir vos enfants devenir des délinquants si vous les laissez traîner dans la rue, si vous n’aviez aucune idée où ils se trouvent à l’heure du couchage. Ne soyez pas  surpris de les voir en détention pour vol si vous ne savez pas comment ils se nourrissent.

Ne soyez pas surpris  quand ils  seront cités dans une affaire de vol en bande organisée ou pour cybercriminalité parce vous avez fermé les yeux sur leur nouveau train de vie et parfois vous en avez profité.

Pour diverses raisons ou situations, certains sont perdus et notre société subit malheureusement les dégâts.

Des commerces détruits, des vies brisées, des enfants à la recherche de gain facile  deviennent des meurtriers. Des jeunes gens capables d’égorger un parent, voire leur géniteur ou génitrice, un ami, un frère  pour soit disant des “rituels d’argent”.

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Tout ceci me fait flipper mais nous devons nous réveiller et retrousser nos manches.

Plus que jamais, l’éducation de nos enfants doit être un défi, un baromètre de notre réussite dans la vie. 

Dans une société où les modèles de réussite sont ceux qui ne peuvent justifier leur richesse pour avoir occupé tel poste ou tel ou parce qu’ils peuvent bloquer un bar lors d’une soirée, le travail ne sera pas du tout facile. Et surtout, avec le bling bling des influenceurs sur les réseaux sociaux, il va nous falloir plus de détermination pour rééduquer nos enfants.

Cette fois-ci, il va nous falloir réinventer la roue car la survie de notre société en dépend. Ces jeunes gens ont besoin d’être sauvés par l’éducation, une nouvelle forme qui tient compte des réalités de ce monde changeant et mutant.

« Point besoin d’armes pour détruire un peuple, il suffit de détruire son éducation » disait feu sud-africain Nelson Mandela. La preuve que l’éducation est le socle de notre société et si elle faille, notre société tombera. 

La tâche sera certes rude, mais nous devons nous y lancer.

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