WACA-Bénin: De la protection du littoral à l’épanouissement des communautés vulnérables

WACA-Bénin: De la protection des côtes maritimes
Une des femmes de la Coopérative des transformateurs des produits agricoles d’Agamè, Lokossa ce 26 Octobre 2023. Une des nombreuses coopératives que le projet WACA-Bénin appuie © Josaphat/Sunvi Média

Le Bénin, tout comme d’autres pays du golf de Guinée, fait face à l’érosion côtière et à la destruction des réserves forestières naturelles. Le tableau présente un océan atlantique qui avance à grands pas sur les côtes béninoises, des ressources forestières qui disparaissent et la pression des populations riveraines sur ces ressources. Face à ces enjeux, il fallait agir; d’où la mise en place du projet d’investissement de résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest (WACA). Mais au-delà de sa mission première qui est la protection des côtes, le projet WACA-Bénin a amélioré la situation sociale de milliers de femmes au Bénin. 

“Ici, c’était notre cour commune et le puits était au milieu. L’océan, il y a 15 ans en arrière, était encore à environ 200 m de nous. En 2015, nous étions contraints au déménagement, notre cour commune d’antan a été engloutie, le puits y compris. Une façade de ma chambre a connu le triste sort de l’érosion côtière. Tout un espace qui dégageait la vie s’est éteint puisque l’océan en a décidé ainsi”. Cœur serré, Richard Agbévi, pécheur et résidant à Hilacondji, ville côtière et frontalière au Togo, raconte son histoire et son calvaire avec l’océan. Mais aujourd’hui, se réjouit-il, “même si je ne pourrai plus m’installer avec ma famille, je suis très heureux de voir l’océan repoussé sur des dizaines de mètres désormais”. Et ce gain de plage, c’est l’un des fruits issus des travaux de protection réalisés par le projet WACA sur les côtes maritimes béninoises. 

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Avec nos techniciens et dans le cadre de la mise en oeuvre du projet WACA-Bénin, nous avons effectué des travaux de revêtement (des ouvrages terrestres) pour le comblement du bras mort lagunaire quittant sunvicodji (mairie d’Aneho – Togo) pour Louiscodji (Hilacondji – Bénin) sur une distance de 8,3 Km, a signifié Moussa Bio Djara, spécialiste littoral WACA. Pour le technicien, ces travaux ont permis une reconstitution naturelle de 3 km. 

Les travaux concernent la réalisation des épis à travers l’enrochement et le chargement massif avec du sable marin ayant la même granulométrie. Et pour réaliser ce chargement massif, précise le spécialiste Bio Djara, il aurait fallu plus 100 000 m cubes de sédiments pour une hauteur de 4 m. 

La joie de Richard ne fait donc que commencer au vu des résultats obtenus en si peu de temps puisque l’objectif à terme, c’est de voir les différents casiers (espace situé entre deux épis) saturés comme c’est déjà le cas avec un des épis réalisés dans le cadre de ce projet WACA-Bénin.

WACA pour une résilience des zones côtières

Les zones côtières font face à trois (3) risques côtiers qui menacent dangereusement l’intégrité territoriale des pays concernés. Il s’agit des risques de l’érosion, de l’inondation et de la pollution. WACA, c’est un projet régional qui regroupe entre autres le Sénégal, la Gambie, la Mauritanie, la Guinée Bissau,  le Sao Tomé et Principe, la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin. Ces pays ont, ensemble avec la banque mondiale (partenaire principal), défini les quatres (4) composantes du projet. Les composantes ont trait au renforcement de l’intégration régionale pour l’amélioration de la gestion de la zone des zones côtières, le renforcement des politiques et institutions nationales, le renforcement des investissements nationaux physiques et sociaux et la coordination, l’appui à la mise en œuvre et la gestion du projet. 

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En plus de ce projet régional, le Bénin a mis en place un projet national pour la gestion durable des forêts classées du Bénin. Les enjeux ne sont pas les mêmes dans tous les pays même si l’objectif, à terme, reste le même. “Au Bénin par exemple, la zone côtière est de 5% de la superficie du pays. Mais ces 5% abritent 40% de la population du Bénin (la population du Bénin est estimée à 12 millions 500 mille habitants en 2023, NdlR). Une forte pression humaine s’exerce naturellement donc sur ces zones côtières”, précise Moussa Bio Djara, spécialiste littoral WACA-Bénin. 

Quant au projet de gestion durable des forêts, WACA-Bénin agit sur les acteurs premiers résidant à proximité des aires communautaires de conservation de la biodiversité (ACCB) à travers des activités génératrices de revenus (AGR). Pour les responsables de ce projet, tant que ces acteurs bénéficient des activités génératrices de revenus, il n’y aura plus de pressions anthropiques sur ces aires. 

Une vie sociale métamorphosée

Gangbédji Monsoukpé est femme au foyer avec ses enfants. Quadragénaire, cette dame se bat au quotidien pour sa survie et celle des membres de sa famille. Son mari agriculteur, ses enfants tous apprenants dans les écoles, Monsoukpè a un revenu hypothétique et vit au quotidien. Elle habite à Agamè, commune de Lokossa, ville située à 150 km au nord-ouest de Porto-Novo (capitale du Bénin). Elle devrait cumuler les petites activités, s’offrir en main d’œuvre pour un traitement salarial approximatif et se contenter du minimum de survie. Un chapitre sombre qui se retrouve désormais derrière Gangbédji puisqu’une nouvelle vie sociale s’est ouverte à elle grâce à l’arrivée de WACA-Bénin.

Aujourd’hui, raconte dame Gangbédji Monsoukpè, “je vis allègrement, je me nourris correctement, je me vêtis convenablement et aucun de mes enfants n’est encore renvoyé de l’école. La grande merveille, c’est que je n’attends plus mon mari pour les petites dépenses de la maison. Ce qui fait qu’il me regarde désormais autrement”. 

En fait, Monsoukpè est désormais membre de la coopérative des transformateurs des produits agricoles d’Agamè, commune de Lokossa. 

Avec un effectif de 730 membres pour des jours d’activités alternatifs, les femmes de cette coopération sont dans la transformation des noix de palme en huile rouge et ses dérivées, le manioc en gari et ses dérivées et la fabrication du savon de toilette. 

WACA-Bénin a contribué au financement de l’achat des équipements modernes de transformation des matières premières, des engins de dernière génération avec un espace aménagé pour le déroulement des différentes activités. Pour ces femmes, elles voient désormais la vie avec beaucoup plus de couleurs grâce à l’appui financier et l’accompagnement technique du projet WACA-Bénin. 

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Tout comme cette coopérative, les femmes de l’association Gbénondjou à Djakotomey ont vu leur vie sociale positivement améliorée. Sélectionnées pour la 2nde génération de financement de ce projet, les femmes de Gbénondjou ont bénéficié de l’investissement social du projet WACA-Bénin compte tenu de leur proximité avec un des sites RAMSAR, celui 1017. “Avant, on ne produisait que 2 sacs de 315 Kg de gari par semaine et on travaillait à l’air libre, exposées aux intempéries et aux aléas climatiques. Avec l’arrivée de WACA, nous disposons d’un espace moderne avec des magasins et des salles de production. Aujourd’hui, nous produisons plus de 10 sacs de 315 kg de gari par semaine. Nos vies au foyer ont connu un changement net”, relate Christine, membre de l’Association Gbénondjou de Kpoba, Djakotomey. 

“Le projet WACA-Bénin n’est pas seulement pour la protection des zones côtières béninoises, mais un investissement social pour occuper les populations à travers des activités génératrices de revenus (AGR) afin que ces dernières arrêtent d’exercer de pression humaine sur les forêts et sur les ACCB”, a souligné Abdou Salami Amadou, spécialiste forêt au sein du projet WACA-Bénin.

Initialement prévue pour ce 31 Décembre 2023, la date de fin de projet est désormais renvoyée au 31 Décembre 2024 compte tenu du financement additionnel dont avait bénéficié ce projet.

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